Le marché automobile européen s'est porté un petit peu moins mal en octobre qu'au trimestre précédent, sans que cela laisse espérer une sortie du marasme, selon les experts.
Les immatriculations de voitures neuves ont reculé de 4,8% à 959.412 unités en octobre, marquant une relative amélioration par rapport aux trois mois précédents, qui ont chacun enregistré des baisses supérieures à 7%.
Sur les dix premiers mois de l'année, les ventes ont baissé de 7,3% à 10.327.276 unités, selon les chiffres de l'Association européenne des constructeurs automobile (ACEA), qui couvrent l'ensemble des états membres de l'UE, sauf Malte.
"La tendance reste mauvaise, nous sommes en pleine crise (et les ventes) vont encore baisser l'an prochain", a commenté Ferdinand Dudenhöffer, professeur à l'Université de Duisburg-Essen.
"Il y a un certain forcing des constructeurs en fin d'année", pour immatriculer des véhicules et conserver leurs parts de marché, au moyen de promotions, crédits à taux zéro ou d'immatriculations "tactiques" (en nom propre ou en vente aux concessionnaires et non aux acheteurs finaux), explique de son côté Yann Lacroix, d'Euler Hermès.
Dans le détail, tous les grands marchés sont atteints, sauf le Royaume-Uni (immatriculations en hausse de 12,1% en octobre), et dans une bien moindre mesure, l'Allemagne (+0,5%).
Le Royaume-Uni "surprend par sa bonne tenue", et fait exception avec des ventes dynamiques aussi bien aux ménages qu'aux entreprises, a relevé Bénédicte Chavret, de l'institut BIPE.
En Allemagne par contre, les chiffres sont "un peu artificiels", gonflés par des immatriculations "tactiques", ce qui "incite à la prudence pour la fin de l'année et l'année prochaine", selon elle.
Ailleurs, la crise fait rage, les ventes reculant de 7,8% en France, de 12,4% en Italie et plongeant de 21,7% en Espagne.
"Ces marchés sont importants et sont bien loin de se rétablir", la France risquant même de s'effondrer comme ses voisins du sud si la crise se poursuit, selon M. Dudenhöffer.
Dans l'hexagone, le même phénomène d'immatriculations "tactiques" qu'en Allemagne est à l'oeuvre, le Mondial de l'automobile n'a pas dopé les ventes aux ménages et les sociétés sont prudentes dans leurs achats, craignant un alourdissement de la fiscalité du diesel, relève Mme Chavret.
Dans ce paysage déprimé, le numéro un incontesté sur le continent, le groupe allemand Volkswagen, continue de sortir son épingle du jeu, avec des ventes en hausse de 1,6% à 244.595 unités. Une voiture sur quatre écoulée sur le continent est sortie des usines du géant de Wolfsburg.
Le groupe "est soutenu par Audi, la marque haut de gamme qui va encore relativement bien dans le Nord de l'Europe" mais sa marque Seat, par exemple connaît "les mêmes reculs que les autres groupes", souligne M. Dudenhöffer.
PSA est deuxième avec moitié moins de véhicules vendus que VW (118.143 voitures, -5,1%), mais maintient sa part de marché (12,3%). L'autre français, Renault, a enregistré une nette déconvenue, ses ventes fondant de 21,6% à 84.783 unités, pour une part de marché de 8,8%.
Suivent les américains Ford, avec 72.330 voitures vendues, en recul de 8,3%, et General Motors (Opel Vauxhall et Chevrolet), avec 68.481 véhicules vendus, en recul de 14,3%. Fiat a vendu 63.256 voitures (-5,6%), Toyota 38.442 (+1,1%) et Nissan 32.197 (+0,2%).
Champions allemands du haut de gamme avec Audi, BMW et Daimler ont connu des sorts opposés. Le munichois BMW a vu ses ventes reculer de 1,7% à 61.107 voitures tandis que son rival de Stuttgart, constructeur des Mercedes-Benz, écoulait 2,7% de voitures en plus (51.330).