Axa, qui avait jusqu'ici surtout ciblé l'Asie pour sa croissance externe, va muscler d'un coup son dispositif en Amérique latine, à travers une acquisition en Colombie, en attendant de s'attaquer à cet autre gros morceau qu'est le Brésil.
L'assureur français va faire son entrée sur un marché colombien en plein développement, en reprenant 51% des activités "assurances" du Grupo Mercantil Colpatria de la famille Pacheco, moyennant 672 milliards de pesos colombiens (259 millions d'euros).
L'activité rachetée, Colpatria Seguros, est le quatrième assureur colombien, avec une part de marché de 7%, affirme Axa dans un communiqué publié lundi.
C'est la première acquisition significative effectuée par Axa dans la région depuis la reprise des activités mexicaines d'ING en 2008, a rappelé le directeur général d'Axa pour le pourtour méditerranéen et l'Amérique latine Jean-Laurent Granier, interrogé par l'AFP.
Colpatria Seguros est présent à la fois en assurance dommages et en vie/épargne/retraite. Elle emploie 2.400 personnes et distribue ses produits auprès de 1,3 million de clients via une stratégie multicanal.
La société est très présente en assurance dommages, où elle occupe le deuxième rang national (9% du marché), avec des positions fortes en responsabilité civile automobile (15% du marché) et en assurance accident du travail (14% du marché).
La société est aussi active sur le marché de la capitalisation (42% du marché), moins en assurance vie, où elle n'occupe que le huitième rang (4% du marché), précise Axa dans son communiqué.
"Cette acquisition est pour Axa une opportunité unique d’entrer sur le marché en forte croissance qu’est la Colombie avec de belles positions dans toutes les lignes de métier, tout en bénéficiant du soutien d’un partenaire local solide et réputé", s'est félicité le PDG du groupe français Henri de Castries, cité dans le texte.
Axa fait valoir que sa nouvelle filiale affiche une croissance et une rentabilité supérieures à celle des autres acteurs du marché colombien. La société est "saine", selon M. Granier, et devrait accroître sa rentabilité avec l'appui logistique d'Axa.
En quatre ans, Colpatria Seguros a fait passer son chiffre d'affaires de 391 millions à 827 millions d'euros et ses actifs totaux de 715 millions à 1.274 millions d'euros. Il a dégagé l'an dernier un bénéfice net de 39 millions d'euros.
"Cette opération renforce le profil de croissance d’Axa et marque une nouvelle étape dans notre stratégie d’accélération dans les marchés à forte croissance", a ajouté M. de Castries.
Le marché colombien de l'assurance, en développement rapide (+12% par an ces quatre dernières années), est le cinquième d'Amérique latine, avec un volume d'affaires estimé à 8 milliards d'euros.
Jusqu'à cette opération, la présence d'Axa en Amérique latine se limitait essentiellement au Mexique, grâce au rachat des activités locales d'ING, par la suite complété par celui des activités d'assurance mexicaines d'HSBC.
Après la Colombie, le Brésil
La Colombie, l'une des plus belles "success stories" de l'économie régionale, était depuis longtemps sur le radar d'Axa, comme l'est aussi le Brésil, a expliqué M. Granier.
"Mais nous ne sommes pas dans une démarche de présence systématique dans tous les pays", a ajouté le responsable, en expliquant que le potentiel de croissance du marché était le critère principal d'implantation du groupe, avec l'existence d'un cadre politique et juridique stable.
A cet égard, "nous regardons le marché brésilien où nous allons créer, en partant de zéro, une activité +risques d'entreprises+. (...). Nous avons choisi d'y entrer sur ce segment spécifique que nous maîtrisons bien", a-t-il expliqué.
"Comme dans tous les marchés émergents, le marché des risques d'entreprise est un point d'entrée. La demande d'assurance est forte de la part des PME/PMI, avant celle des particuliers, dont le marché ne se développe que par la suite", selon lui.
M. Granier a expliqué que son groupe n'était pas particulièrement inquiet d'accroître sa présence en assurance dommage sur deux marchés, le Mexique et la Colombie, en proie à d'importantes violences.
"Le marché colombien est assez méconnu en France et on y minimise les progrès réalisés depuis quatre ou cinq ans dans le domaine de la paix civile", a ajouté M. Granier, en expliquant que le groupe devait simplement se montrer sélectif dans la prise de nouvelles affaires et prudent dans la gestion de son personnel local.
L'opération a été bien accueillie à la Bourse de Paris, où le titre Axa a terminé en tête du CAC 40, gagnant 2,79% en clôture, à 18,63 euros.
"Cette ouverture sur un nouveau marché soutient la valeur", a relevé Andrea Tuéni, un analyste de Saxo Banque". "Le marché colombien étant un marché en forte croissance, cela représente donc une belle opportunité pour Axa", a-t-il noté.