Du FMI au Trésor américain en passant par la Banque mondiale, le ministre de l'Economie français Pierre Moscovici a effectué jeudi à Washington une tournée-marathon chez les grands argentiers du globe pour porter un message "d'optimisme" sur la crise en zone euro.
"J'ai senti (que mes interlocuteurs) étaient préoccupés par cette situation et qu'ils voulaient être rassurés sur notre volonté d'avancer. Je me suis efforcé de le faire", a déclaré à la presse le ministre, dressant le bilan de sa journée menée au pas de charge.
Arrivé la veille au soir dans la capitale fédérale, le ministre a commencé son périple de bon matin en rendant visite à un de ses prédécesseurs à Bercy, Christine Lagarde, aujourd'hui à la tête d'un Fonds monétaire international (FMI) placé aux premières loges de la crise du Vieux Continent.
Devant le siège du Fonds, dans la moiteur de l'été washingtonien, le ministre a assuré qu'il venait délivrer "un message de confiance et d'optimisme" à sa compatriote.
"Je suis là pour (...) lui expliquer que l'Europe est en train de trouver, je crois, des solutions à ses difficultés", a ajouté M. Moscovici, se référant au dernier Conseil européen qui a décidé de venir en aide aux banques espagnoles.
Le ministre a rappelé que l'Europe avait toujours "besoin" du FMI qui participe avec l'UE aux plans d'aide à trois pays de la zone euro (Portugal, Irlande, Grèce) mais qui vient, dans un rapport, d'exprimer ses craintes sur "la pérennité de l'union monétaire elle-même".
Un important sujet de désaccord était pourtant au programme.
Dans sa mise à jour de ses perspectives mondiales, le Fonds n'a pas épargné la France, révisant à la baisse sa prévision de croissance pour 2013 à 0,8%, sensiblement moins que l'estimation gouvernementale de +1,2%.
"Je veux avoir un échange pour voir comment le FMI arrive à ses conclusions", a indiqué le ministre avant la rencontre, défendant la "sincérité" de sa prévision.
"Nous prenons en compte ce qui est aussi en train de changer, c'est que l'Europe se retourne vers la croissance", a-t-il ajouté.
Après cette première entrevue d'une heure, M. Moscovici a poursuivi son programme en rencontrant deux des plus hauts responsables économiques aux Etats-Unis, où la situation de la zone euro suscite également beaucoup d'inquiétude.
Le ministre s'est entretenu avec le président de la Banque centrale (Fed), Ben Bernanke, avant de déjeuner avec son homologue américain, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner.
Il avait fort à faire pour rassurer ses interlocuteurs: mercredi, M. Geithner a assuré que le risque le "plus important" pour la reprise mondiale provenait de la zone euro et que les dirigeants européens ne s'étaient "pas assez éloignés du bord du précipice".
"Nos interlocuteurs ont parfois le sentiment que le verre est à moitié vide mais tous savent qu'il est en train de se remplir alors qu'il était un peu à sec", a précisé à l'AFP M. Moscovici, à la veille d'une réunion de l'Eurogroupe consacrée à l'Espagne pour laquelle il s'est dit "optimiste".
M. Moscovici a également évoqué sa rencontre "plus particulière" avec le nouveau président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, qu'il a encouragé à "intervenir davantage" dans la région du Sahel et du Mali, coupé en deux depuis la prise du nord du pays par les islamistes.
"C'est une région qui nous préoccupe à plus d'un titre", a-t-il déclaré, évoquant la "très grande pauvreté" de cette zone mais également "l'émergence d'un terrorisme qui nous vise".