La plupart des usines textiles au Bangladesh ont rouvert jeudi au terme de cinq jours de manifestations violentes, après la promesse d'une augmentation des salaires mais aussi la menace par le gouvernement de réprimer toute nouveau mouvement de protestation.
La fédération des travailleurs du textile et de l'industrie du Bangladesh a indiqué avoir reçu l'assurance que les salaires seront augmentés en novembre, alors que les salariés du textile ont manifesté pendant cinq jours pour obtenir un salaire mensuel de 100 dollars.
"Les ouvriers sont maintenant convaincus que leur paye va être augmentée d'ici novembre", a dit le responsable de la fédération, Babul Akter, à l'AFP.
Le gouvernement a menacé de son côté mercredi soir de sévir contre toute nouvelle manifestation.
"Le textile est une industrie nationale", a dit le ministre de l'Intérieur, Khan Alamgir.
"Ceux qui agiront contre cette industrie seront considérés comme opposés à la nation", ajoutant que "toute tentative de destabiliser le secteur sera empêché par toute force", a-t-il ajouté.
Une vingtaine d'usines sur les 4.500 installées dans le pays étaient encore fermées jeudi, selon la police et les fabricants.
"La plupart de nos usines ont rouvert et les ouvriers ont repris le travail. Le déploiement de gardes semble avoir fonctionné", a dit Reaz-Bin-Mahmood, vice-président de l'association des fabricants et exportations de textile du Bangladesh.
Selon lui, les cinq jours de manifestation ont touché la production dans au moins 500 usines pour un coût d'environ 40 millions de dollars.
Le montant de la hausse des salaires promise reste inconnu. Les ouvriers réclament un quasi-triplement à environ 100 dollars tandis que les industriels ont rejeté la demande, affirmant qu'ils pouvaient augmenter les salaires de seulement 20%, en raison de la conjoncture économique mondiale morose.
Le Bangladesh est le deuxième exportateur de vêtements au monde, fournissant notamment des grands noms tels que l'américain Walmart, le français Carrefour ou encore le suédois H&M. Pilier de l'économie, le secteur avec ses 4.500 usines représente 80% des exportations annuelles s'élevant à 27 milliards de dollars.
Mais la grande majorité des trois millions de travailleurs ne gagnent qu'un salaire de base mensuel de 3.000 taka (38 dollars américains) - soit l'un des plus bas au monde - suite à un accord tripartite entre les syndicats, le gouvernement et les fabricants signé en août 2010.
Les manifestations contre les faibles salaires et les mauvaises conditions de travail ont secoué le secteur de l'habillement du Bangladesh depuis l'effondrement en avril du Rana Plaza, qui a tué plus de 1.100 personnes.