Des sénateurs américains à la recherche d'explications sur les causes de la crise financière de 2008 doivent entendre mardi les patrons de la banques d'affaire Goldman Sachs visée par une enquête pour fraude.
La sous-commission permanente des enquêtes du Sénat doit interroger mardi le PDG de la banque, Lloyd Blankfein ainsi que d'autres responsables, dont le Français Fabrice Tourre, qui se trouve au centre de l'enquête de la SEC, le gendarme de la bourse américaine, visant la banque d'affaires.
Le sénateur démocrate Carl Levin, président de la commission, a donné le ton de l'audition dès lundi en qualifiant Goldman Sachs de "maison de jeu" et de "tapis roulant" qui a transmis des titres toxiques à l'économie américaine.
M. Levin a également accusé l'établissement de faire fortune en vendant début 2007 à ses clients ces produits liés à des actifs immobiliers à risque, sans les informer que la banque était payée par un fonds spéculatif pour monter une transaction permettant à ce fonds de parier contre ces mêmes titres.
Dans son intervention préparée à l'avance, M. Blankfein a au contraire assuré que la banque n'a parié ni contre le marché immobilier ni contre ses clients, perdant au contraire 1,2 milliard de dollars dans les titres liés à l'immobilier résidentiel.
"Nous sommes fortement en désaccord avec la plainte de la SEC, mais je reconnais aussi que beaucoup de gens peuvent mal percevoir une transaction aussi compliquée" que celle critiquée par la SEC, indique M. Blankfein dans son témoignage.
M. Levin et sa commission ont produit samedi des échanges de messages électroniques impliquant certains des plus hauts dirigeants de Goldman Sachs et montrant que cette banque avait pu empocher des dizaines de millions de dollars grâce à la baisse du marché des crédits immobiliers à risque.
Parallèlement, une soixantaine d'élus démocrates de la Chambre des représentants ont appelé lundi la SEC à élargir ses investigations à 24 autres transactions potentiellement frauduleuses de produits ultra-complexes liés à des crédits immobiliers à risque ("subprime") au sein de Goldman Sachs.
L'audition de mardi intervient alors que le Sénat a essuyé lundi un premier revers avec l'échec d'un vote destiné à ouvrir les débats en séance plénière sur la réforme de la régulation financière, en raison notamment d'une opposition en bloc des républicains.