Les horlogers suisses, après avoir confirmé le rebond de leur activité l'année dernière, se sont lancés dans une importante phase de recrutement pour faire face à la demande croissante en montres helvétiques, notamment en Asie, ont-ils indiqué jeudi.
Après avoir traversé une période de crise en 2009, l'année dernière a été marquée par un fort rebond pour les horlogers helvétiques.
Les exportations de montres ont dépassé pour la première fois en 2010 le niveau qu'elles avaient atteint avant la crise financière, avec des ventes en hausse de 22,1% à 16,2 milliards de francs suisses (12,4 milliards d'euros).
Les deux géants du secteur ne sont pas en reste. Swatch a ainsi réalisé l'année dernière des ventes en hausse de 18,8% à 6,4 milliards de francs suisses et Richemont a vu son chiffre d'affaires grimper de 33% à 2,1 milliards d'euros au seul troisième trimestre de son exercice décalé.
L'année 2011 s'annonce d'ores et déjà prolifique pour les horlogers suisses, malgré l'appréciation de la monnaie helvétique qui risque de réduire leurs revenus.
Les analystes de la Banque cantonale zurichoise (ZKB) tablent ainsi pour Swatch sur une hausse des ventes de 3,4% à 6,7 milliards de francs suisses.
Cette reprise est surtout portée par l'Asie et notamment la Chine (+71%). Elle pousse les horlogers à recruter.
"Le secteur repart et les offres d'emploi dans les journaux, réduits à rien en 2009, s'épaississent de nouveau", a expliqué à l'AFP le secrétaire général de la Convention patronale de l'industrie horlogère suisse, François Matile.
"Le marché du travail est tendu, car il y a plus de demande que d'offre", a poursuivi M. Matile, se refusant toutefois à parler de "pénurie" de main d'oeuvre.
"Un jeune de 20 ans, qui a passé quatre ans en apprentissage, a le choix à sa sortie d'école. La promotion 2010 a déjà été embauchée", a-t-il souligné.
Une telle demande rappelle les années de croissance forte entre 2004 et 2008, quand le secteur horloger est passé de 40.000 à 53.000 employés.
Malgré les remous causés par la crise financière à partir de fin 2008, les horlogers suisses n'ont licencié que 4% de leur personnel, même si le secteur "a perdu un quart de son chiffre d'affaires", a souligné M. Matile.
Selon le responsable de l'organisation, "l'industrie a gardé son personnel dans l'attente d'une reprise qui s'est finalement amorcée mi-2010".
Désormais, les horlogers suisses, qui se concentrent autour de l'arc jurassien, ont les moyens de s'étendre confortés par une demande qui ne fait que croître.
L'horloger Tag Heuer (LVMH), qui veut recruter une quarantaine de personnes cette année, n'échappe pas à cette tendance. Mais l'embauche d'horlogers qualifiés est "très difficile" en raison de la forte demande, a admis une porte-parole, expliquant que la société misait notamment sur la reconversion pour répondre à sa demande en personnel.
Le discours est le même chez Breitling. "Il y a une reprise" dans le secteur, qui va amener Breitling à procéder à des recrutements cette année, a indiqué le vice-président de l'horloger indépendant, Jean-Paul Girardin.
Après avoir embauché 160 personnes l'année dernière, Patek Philippe compte lui-aussi recruter 50 personnes en 2011, a précisé une porte-parole de l'horloger haut de gamme.
"C’est toujours un challenge de trouver des bons horlogers pour la production ou le service après vente", a-t-elle ajouté.