Les principales organisations professionnelles de la construction et du logement annoncent au moins 35.000 suppressions d'emplois dans le secteur en 2012, dénonçant la politique du gouvernement soumis au plan de rigueur.
"Les conséquences désastreuses des mesures" du gouvernement vont entraîner "au minimum 35.000 postes qui seront mécaniquement supprimés au cours de la seule année 2012", contre un perte de 40.000 emplois entre 2008 et 2010, lors de la précédente crise, indique le communiqué commun publié mercredi.
Pour une fois unis, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), la Fédération française du bâtiment (FFB), le Syndicat national des aménageurs lotisseurs (Snal) et l'Union des maisons françaises (UMF) dénoncent "l'accumulation de mesures défavorables au logement des Français depuis l'été".
Pire, "le bilan risque de s'aggraver encore beaucoup plus fin 2012-début 2013, au fur et a mesure où les programmes de logements collectifs lancés en 2010 et 2011 seront livrés" dans un secteur qui emploie 1,17 million de salariés.
Ces virulentes critiques d'organisations professionnelles, généralement proches du gouvernement actuel, ont obligé le secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu à réagir.
"La crise oblige à optimiser chaque euro"
"La crise nous oblige à reconsidérer nos politiques publiques, à inventer de nouvelles formes d'interventions, plus efficientes, à optimiser chaque euro public investi", a déclaré à l'AFP M. Apparu.
Pour M. Apparu "si les mesures budgétaires ont touché les secteurs du logement et de la construction, c'est aussi parce qu'ils bénéficient de soutiens publics très importants: plus de 40 milliards d'euros en 2010, soit 2,2% du PIB".
"Après un effort exceptionnel pour le secteur dans le cadre du plan de relance, il est normal que le gouvernement réexamine ces soutiens dans une période de forte contrainte budgétaire", plaide M. Apparu.
Ce qui n'empêche pas les principaux acteurs du logement de s'inquièter "des conséquences gravement dommageables des orientations budgétaires retenues qui ne savent pas faire la différence entre dépenses courantes et dépenses d'investissement et constituent autant de menaces".
Parmi les mesures du gouvernement dénoncées figurent "la fiscalisation des plus-values immobilières, la très forte réduction des avantages accordés à l'investissement locatif en 2012 puis la suppression du dispositif, la forte réduction du volume de crédit pour le prêt à taux zéro et la hausse de la TVA sur les travaux et sur l'accession sociale à la propriété de 5,5% à 7%".
Ces professionnels déplorent "que le gouvernement ait décidé toutes ces mesures défavorables au logement à un moment où des pays voisins comme l'Angleterre relancent la construction de logements".
Mais M. Apparu rappelle qu'on a construit en Grande-Bretagne "près de trois fois moins de logements qu'en France en 2010 et qu'en 2011 près de 400.000 logements auront été mis en chantier" dans l'Hexagone.
"L'impression prévaut d'un haut degré d'improvisation et d'une gouvernance désemparée et troublée par le désarroi. On cherche de l'argent, on s'agite, on coupe dans les dotations (...) avec la croyance (...) que la croissance n'en sera pas affectée", souligne de son côté Jean-François Buet, secrétaire général de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) et candidat à la présidence de cette organisation d'agents immobiliers.