La Banque centrale allemande (Bundesbank) a annoncé mardi des bénéfices moindres pour 2011, en raison des mesures décidées par la Banque centrale européenne (BCE) pour lutter contre la crise de la dette, mesures qu'elle s'est toutefois gardée de critiquer.
Pour l'année dernière, la Bundesbank affiche 643 millions de bénéfices, soit trois fois moins qu'en 2010. Un montant qui sera entièrement versé aux caisses de l'Etat fédéral.
Ce recul n'est toutefois pas lié à des pertes mais "résulte surtout de la hausse des provisions pour risques", a expliqué le président de la Bundesbank Jens Weidmann lors d'une conférence de presse au siège de l'instituion monétaire à Francfort (ouest).
Celles-ci ont été augmentées de 4,1 milliards d'euros l'an dernier, passant à 7,7 milliards d'euros, une décision largement en lien avec la crise de la dette et les mesures adoptées par la BCE pour la combattre.
"Les risques liés au programme de rachat d'obligations publiques et aux crédits de refinancement ont nettement progressé en raison de l'élargissement de leur périmètre et de la prime de risque", a déclaré M. Weidmann.
La BCE a adopté en mai 2010 un programme de rachat d'obligations publiques, sur fond d'aggravation de la crise de la dette grecque. Ce programme, d'abord destiné à ce pays, a ensuite été élargi à l'Irlande et au Portugal puis, à l'été 2011, à l'Espagne et l'Italie. Au total, la BCE détient actuellement pour 218 milliards de ces obligations.
Par ailleurs, la BCE a prêté 1.000 milliards aux banques de la zone euro par le biais de deux opérations de prêts sur trois ans au taux très généreux de 1%, en décembre et février. Avec pour objectif d'encourager les banques à prêter aux entreprises et aux ménages.
Le poids de ces mesures est assumé par toutes les banques centrales de la zone euro, l'Eurosystème. La Bundesbank à elle seule représente 27% du capital de la BCE, l'équivalent du poids de l'économie allemande dans le PIB de la région.
M. Weidmann s'est toutefois gardé de critiquer les opérations de prêts massifs, ou LTRO, alors que les rumeurs de dissensions avec le président de la BCE sont récurrentes dans la presse allemande, qui dénonce une rupture avec la tradition d'orthodoxie monétaire exigée de l'institution.
"Il y a des différences de vues sur certains sujets", a-t-il reconnu, soulignant que la Bundesbank n'était pas seule à émettre des réserves sur certains points et que le débat se devait de rester interne.
Selon lui, le LTRO a apportée "une accalmie, dans une situation critique, avec notamment un risque d'effondrement du crédit". "Mais on doit aussi parler des effets secondaires et des risques encourus", a-t-il ajouté, pour justifier le montant des provisions réalisées.
Avant une nouvelle fois de souligner que les mesures exceptionnelles de la BCE ne pouvaient durer ni suffire pour tourner la page de la crise et qu'il fallait que les gouvernements s'attèlent notamment à mettre en oeuvre les programmes d'austérité adoptés.
La crise de la dette pourrait aussi peser sur l'économie allemande, a jugé M. Weidmann, soulignant toutefois que pour l'instant cela n'avait pas été le cas. "L'économie allemande est dans situation remarquablement bonne", a-t-il dit, renouvelant la prévision d'une croissance du PIB de 0,6% en 2011 effectuée en décembre.