La commande record de gros porteurs 777 reçue au salon de Dubaï par l'avionneur américain Boeing, à la traîne sur son rival Airbus en termes de commandes, est une bonne nouvelle qui éclipse les récurrents problèmes techniques de ses nouveaux modèles.
La compagnie d'aviation Emirates de Dubaï a annoncé dimanche une méga-commande de 50 777-300ER d'une valeur totale de 18 milliards de dollars, à l'ouverture du Salon aéronautique de Dubaï. Cette commande est assortie d'options qui pourraient faire grimper son montant à 26 milliards de dollars.
"C'est un moment d'extrême fierté pour nous, cette commande illustre la confiance d'Emirates dans le 777 et représente la plus grosse commande en dollars de l'histoire de Boeing", s'est félicité le directeur de la division d'aviation commerciale de l'avionneur, Jim Albaugh, dans un communiqué.
"Cette commande fait de 2011 la meilleure année de vente pour le 777, avec un total de commandes à ce jour de 182 avions. En 2005, la précédente année record, 154 avions 777 avaient été commandés", précise Boeing.
Emirates, qui possède la plus grande flotte de 777 au monde, avait déjà commandé 30 777-300 en juillet 2010, dont le prix catalogue est de 284 millions de dollars et qui peut transporter jusqu'à 365 passagers sur 14.685 kilomètres.
Cette bonne nouvelle pour l'américain arrive quelques jours après que son concurrent, l'européen Airbus, eut annoncé qu'il arrêtait la production de son A340, avion rival du 777, qui ne se vendait plus.
L'A340, un quadriréacteur qui a volé pour la première fois en 1992, n'a jamais réussi à rattraper le long-courrier américain. Lancé en 1995, le 777 avait la même capacité mais, avec deux réacteurs seulement, donc plus économe en carburant.
Airbus mise sur l'A350 qui pourra avoir un rayon d'action de plus de 15.700 km. Le plus gros avion du monde, l'A380, peut assurer quant à lui une liaison sans escale de 15.300 km.
Ces distances restent néanmoins inférieures à celles que peut couvrir le Boeing 777 qui, dans sa version 777-200LR peut relier deux points situés à plus de 17.000 km.
Le succès du 777 ou du moyen-courrier 737 de Boeing éclipse un peu les problèmes récurrents rencontrés par l'américain sur ses programmes les plus récents: le long courrier 787, sur lequel il mise beaucoup pour l'avenir, et la dernière version de son gros porteur 747, l'avion-cargo 747-8.
Dans ses résultats du troisième trimestre, le groupe américain a d'ailleurs revu en baisse sa prévision de livraisons commerciales pour l'année à cause d'annulations de commandes entraînées par les retards de production de ces avions.
Un premier exemplaire du 787, dit le "Dreamliner", a été livré le mois dernier à la compagnie japonaise ANA avec plus de trois ans de retard, et un premier 747-8 a été livré le mois dernier à la compagnie de fret Cargolux avec deux ans de retard.
Boeing table désormais sur "480" livraisons au lieu d'une fourchette précédente de 485 à 495. Le groupe reste largement à la traîne d'Airbus cette année en termes de commandes: fin septembre, l'européen avait enregistré 1.038 commandes nettes d'avions depuis le début de l'année contre 426 seulement Boeing.
Richard Aboulafia, analyste pour le cabinet spécialisé dans l'aviation Teal Group joint par l'AFP, souligne toutefois que "la commande d'Emirates rapproche Boeing d'Airbus en valeur de commandes pour cette année, si ce n'est en nombre d'avions commandés".
Il remarque aussi que "le 777 est très rentable pour Boeing alors qu'Airbus a du mal à faire des bénéfices", et que la commande d'Emirates "renforce donc l'avance de Boeing en termes de résultats financiers".
Pour lui, cela signifique qu'Airbus "a encore du travail à faire sur l'A350-1000 pour créer un avion à même de rivaliser avec le 777-300".
Malgré les retards de livraison, Boeing a en effet annoncé une hausse de 31% sur un an de ses résultats pour le troisième trimestre en relevant sa prévision de bénéfice annuel.