Les prix des logements anciens en France devraient augmenter en 2011, en dépit de l'augmentation des taux d'intérêt des crédits immobiliers, à cause notamment de l'attrait toujours plus grand des Français pour les résidences secondaires et de la pénurie de biens à vendre.
"Les prix dans l'ancien ne devraient pas toutefois augmenter de plus de 3% en 2011 par rapport à 2010", a affirmé René Pallincourt, président de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim), jeudi lors d'une conférence de presse.
Après deux années de baisse pendant la crise (-3,1% en 2008 et -4,9% en 2009), les prix des logements anciens avaient à nouveau progressé de 1,5% en 2010, selon la Fnaim.
Au premier trimestre 2011, avant une stabilisation prévue pour les neuf prochains mois, les prix des logements anciens (appartements et maisons) ont en effet grimpé de 4,5% sur l'ensemble de la France, par rapport au trimestre correspondant de 2010, selon l'étude de la Fnaim réalisée à partir d'un échantillon de 14.513 compromis de vente, collectés auprès de 1.416 agences.
Les prix des appartements (3.060 euros/m2 en moyenne) ont progressé de 4,9% au premier trimestre 2011 comparé aux trois premiers mois de 2010. La progression est toujours plus forte en Ile-de-France (5,3%) qu'en province (+4,6%).
Avec un prix moyen de 2.515 euros/m2, les maisons enregistrent, au premier trimestre, une hausse de 4,2% par rapport à la même période de 2010.
A Paris intra-muros, les prix des appartements anciens à Paris ont même atteint un nouveau record avec une moyenne de 7.760 euros/m2, un bond de 21,3% sur le trimestre correspondant de 2010.
"L'offre de logements inférieure à la demande, habituelle à Paris, s'étend à l'ensemble du territoire", souligne Gilles Ricour de Bourgies, président de la Fnaim Ile-de-France, pour expliquer cette tension sur les prix.
La bonne tenue actuelle du marché, en terme de transactions, s'explique en partie, selon la Fnaim, par le fait qu'un tiers des transactions réalisées dans l'ancien concernent l'achat, notamment par des seniors, de résidences secondaires et de logements pour les louer afin de s'assurer des revenus complémentaires.
Dans le Sud-Est et le Sud-Ouest, le pourcentage d'achat des résidences secondaires atteint même 30% contre seulement 15% du total en moyenne sur l'ensemble de l'Hexagone.
Mais la hausse des taux d'intérêt, déjà entamée, fait peser des nuages noirs sur le secteur.
La Banque centrale européenne (BCE) a en effet relevé jeudi son principal taux directeur de 25 points de base à 1,25%, sa première hausse depuis près de trois ans.
"Concrètement, cela signifie que ce mouvement haussier de la BCE ne va pas faire bondir les taux des crédits aux particuliers de manière brutale, ces derniers ayant déjà augmenté très vite depuis 6 mois mais que, néanmoins, les indicateurs restent et demeurent haussiers car les banques vont se financer un peu plus cher sur les marchés", explique Maël Bernier, porte-parole du courtier Empruntis.
Les taux d'intérêt des crédits immobiliers se sont établis en moyenne à 3,67% en mars, poursuivant leur remontée après un plus bas (3,22%) depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale atteint en novembre, selon Crédit Logement, l'organe central de garantie des prêts pour le logement.
Aussi "une partie de la clientèle va être exclue du marché car elle va dépasser le pourcentage de 33% du taux d'effort" (remboursement de l'emprunt par rapport aux revenus), déplore M. Pallincourt.
Le nombre des transactions, estimé à 750.000 en 2010 selon les nouveaux chiffres du ministère du Logement, devrait ainsi chuter de 10% en 2011 pour tomber à 675.000, selon la Fnaim.