Le Mexicain Agustin Carstens, en visite éclair à Pékin pour sa campagne pour le poste de numéro un du Fonds monétaire international, ne s'est pas avoué vaincu, tout en critiquant l'Europe dans le processus de désignation du successeur de Dominique Strauss-Kahn.
M. Carstens est venu à Pékin exactement une semaine après la ministre française de l'Economie Christine Lagarde, donnée comme grande favorite. Le gouverneur de la Banque du Mexique, 53 ans, a eu des entretiens avec son homologue chinois Zhou Xiaochuan et le ministre des Finances Xie Xuren.
"Hélas cette fois-ci, l'Europe n'a pas adopté le principe d'un processus fondé sur le mérite", a dit M. Carstens lors d'une conférence de presse, "cela ne veut pas dire que je m'avoue vaincu d'aucune façon. Ce n'est pas le cas".
"J'ai perçu une neutralité totale", a dit M. Carstens à propos de ses interlocuteurs à Pékin qui l'"ont écouté très attentivement".
Le FMI se cherche un nouveau chef pour remplacer Dominique Strauss-Kahn qui a démissionné le mois dernier après avoir été accusé d'agression sexuelle à New York.
Le Fonds a retenu deux candidatures, celles de M. Carstens et de Mme Lagarde, tandis que l'Israélo-Américain Stanley Fischer a été écarté en raison de son âge.
"Je peux comprendre pourquoi, en cette occasion, l'Europe pense que parce que les problèmes se trouvent en Europe, ils devraient avoir un Européen (à la tête du FMI). Mais en même temps, je crois qu'en ces circonstances un non-Européen serait mieux", a dit le Mexicain.
"Les marchés émergents ont montré qu'ils pouvaient être des partenaires de confiance", a ajouté le Mexicain qui n'a reçu que le soutien d'une douzaine de pays latino-américains, mais ni du Brésil, ni de l'Argentine.
Lundi, M. Carstens avait reconnu la nette avance de Mme Lagarde.
"Les chances pour Christine Lagarde de se faire élire sont très élevées. Je suis sûr qu'elle fera une bonne directrice générale", avait-il affirmé lors d'une conférence à Washington, en réponse à une question sur la candidature de la Française.
"Je sais que c'est une course avec un vent défavorable", a aussi affirmé M. Carstens au sujet de sa candidature, lors d'un entretien sur la chaîne de télévision américaine CNBC.
Le Mexique avait annoncé la candidature du gouverneur de sa banque centrale dès le 22 mai, soit cinq jours après la démission du Français Dominique Strauss-Kahn.
Plusieurs pays et administrateurs du FMI ont annoncé leur soutien à Mme Lagarde. Celle-ci est pratiquement déjà assurée d'être nommée, a affirmé mercredi à l'AFP l'un des membres du conseil d'administration de l'institution, l'Indien Arvind Virmani.
La désignation du prochain directeur général du FMI devrait avoir lieu au plus tard le 30 juin, après une audition des deux candidats à Washington la semaine prochaine.
M. Virmani a regretté le manque de transparence de la procédure et l'absence d'élection lorsque la désignation du directeur général du FMI se fait de manière consensuelle.
"Je ne vois que peu sinon aucune possibilité que le résultat soit différent de ce qu'il a été ces dernières décennies", avec une victoire européenne, a expliqué M. Varmani à l'AFP.
Avant de quitter Pékin la semaine dernière, à la veille de la clôture des candidatures, Christine Lagarde s'était dite "très satisfaite" de ses entretiens, tout en ajoutant que "le moment n'est pas venu de décider ou d'affirmer un soutien puisque les candidatures ne sont pas closes".
Depuis, la Chine, pas plus que la Russie ou l'Inde, autres grands émergents, n'a exprimé officiellement de soutien à l'un ou l'autre des candidats.
Mme Lagarde avait déclaré à Pékin qu'elle jugerait légitime que la direction du FMI intègre des représentants chinois, estimant qu'il serait "probablement désirable" que le conseiller économique spécial chinois du Fonds, Zhu Min, "puisse intervenir au plus haut niveau".