La hausse actuelle des taux d'intérêt pour les prêts immobiliers inquiète les professionnels alors que le secteur avait retrouvé des couleurs après la crise financière.
"Nous renouvelons nos prévisions de hausse de taux, les taux des banques continuant à progresser", a avertit jeudi Maël Bernier, directrice de la communication d'Empruntis.com, lors de la publication des dernières baromètres de ce courtier en crédit immobilier.
Cette hausse des taux d'intérêt en 2011 va entraîner une baisse du total des crédits immobiliers aux particuliers, a affirmé de son côté Christian Camus, directeur général de Meilleurtaux, filiale du groupe bancaire BPCE.
"Le total des crédits immobiliers accordés par les banques en 2011 devrait avoisiner 130 milliards d'euros, contre 158 milliards (y compris les renégociations de prêts) en 2010", a estimé M. Camus, lors d'une conférence de presse.
La principale raison de cette baisse réside, selon lui, dans la "quasi-disparition" en 2011 de la renégocation des prêts immobiliers qui a représenté entre 20% et 25%, selon les différentes banques, du total en 2010.
Seuls "les emprunteurs ayant souscrit un crédit entre fin 2007 et début 2009 ont encore intérêt à rénégocier leur crédit", a souligné M. Camus.
Poursuivant leur remontée après un plus bas niveau (3,22%) depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale atteint en novembre 2010, les taux d'intérêt des crédits immobiliers se sont établis en moyenne à 3,53% en février, selon Crédit Logement qui réunit les données de tous les établissements bancaires.
Pour Meilleurtaux, les taux d'intérêt pour un prêt sur 20 ans se sont établis en mars entre 3,80% et 4,20%, contre 3,60% à 4,00% un an auparavant.
De son côté, Empruntis.com fait état d'un taux moyen de 4,10%.
Cette remontée des taux s'explique notamment par la hausse des OAT (obligations assimilables du Trésor), les tensions inflationnistes (+2,4% dans la zone euro en février) et la probable hausse du taux de refinancement de la BCE (Banque centrale européenne) en avril, explique Meilleurtaux.
"La hausse des taux n'a pour l'instant qu'une faible incidence sur la mensualité et la capacité d'emprunt. Sur 20 ans, pour un crédit moyen de 165.000 euros, cela représente un surcoût mensuel de 35 euros", souligne M. Camus.
Mais le directeur général de Meilleurtaux n'exclut pas "un scénario catastrophe" si survenait un "évènement dramatique au Japon" qui représente 6% du PIB (produit intérieur brut mondial).
Une hausse des prix de 9% en 2011 conjugée à une hausse des taux de 1 point entrainerait (avec un taux d'intérêt de 4,80% sur 20 ans pour les meilleurs clients des banques) une baisse de 13,3% du pouvoir d'achat des emprunteurs. La durée d'emprunt pour maintenir le pouvoir d'achat devrait être alors portée à 30 ans contre 25 ans pour un taux à 4,30%, une hausse des prix de 5% et un progression de 1 point du taux d'intérêt.
Ce phénomène de hausse des taux pourrait avoir des conséquences sur les prix de l'immobilier ancien qui représente la très grande majorité des transactions.
"Dans les conditions actuelles nous prévoyons pour 2011 une hausse des prix très faible, voire nulle", affirme Bernard Cadeau, président d'Orpi, un des principaux réseaux d'agences immobilières.
"Mais si les prix continuent de grimper en même temps qu'une forte hausse des taux cela risque d'entraîner un réel blocage du marché immobilier", prévient M. Cadeau.