Philippe Salle a été officiellement nommé vendredi PDG d'Altran, marquant la fin du bras de fer entre le sortant Yves de Chaisemartin et l'actionnaire principal Apax Partners, qui souhaitait son départ.
La candidature de Philippe Salle, 46 ans, ancien PDG de Vedior France puis du Groupe Geoservices qu'il a quitté en mars 2011, avait été poussée par Apax.
Votée à l'issue d'une assemblée générale houleuse, l'entrée de M. Salle et de Monique Cohen, issus des rangs d'Apax en tant que membres du Conseil d'administration, laissait peu de suspens sur l'issue du vote pour l'élection d'un PDG.
"La première chose qu'on va faire, c'est prendre le temps de la réflexion avec les équipes du comité exécutif pour définir un projet Altran pour les prochaines années et on reviendra vers vous aux alentours du dernier trimestre", a indiqué à l'AFP le nouveau PDG.
Yves de Chaisemartin avait pris acte de la nouvelle donne dès le matin: "les jeux sont faits", avait-il déclaré. "Je demanderai à tous les collaborateurs de soutenir Philippe Salle car c'est unis et rassemblés que nous pourrons continuer", avait-il ajouté.
En lutte depuis des semaines avec Apax, le PDG d'Altran s'est battu jusqu'au bout et l'assemblée générale a donné lieu à une joute verbale avec le fondateur d'Apax Partners, Maurice Tchénio, qui a expliqué pourquoi il voulait un changement de patron.
"A ma grande tristesse, quand nous faisons le bilan" de ce qui a été fait depuis 2008, "nous constatons que, malgré les efforts colossaux présentés par l'entreprise, les résultats ne sont pas au rendez-vous", a déploré M. Tchénio.
Il s'est également défendu d'avoir asséné sa décision par surprise à M. de Chaisemartin, assurant lui avoir signifié il y a plus d'un an. "Les fonds ne sont pas aussi diaboliques que l'on veut les présenter", a-t-il clamé.
"J'ai investi plus que vous de manière personnelle dans cette entreprise M. Tchénio", a rétorqué M. de Chaisemartin, qui a défendu son bilan face aux actionnaires individuels, lesquels l'ont souvent applaudi.
"Je me refuse à rentrer dans une bataille de chiffres, de chiffonniers", s'est-il exclamé.
"Peut-être que tout le monde n'y croyait pas autour de cette table, mais la stratégie a opéré et la marge opérationnelle a fortement augmenté", notamment en France, "en arrivant à des marges à deux chiffres", a-t-il fait valoir.
Critiqué par Apax pour une gestion jugée trop peu ambitieuse, il a défendu son choix de procéder ces dernières années à "des acquisitions prudentes, ciblées, et intelligentes", en soulignant qu'il correspondait à "la volonté du CA de ne pas faire de grandes opérations qui auraient été dilutives".
Altrafin Participations, holding contrôlée par le fonds Apax qui détient 19,2% du capital et 31,2% des droits de vote d'Altran, avait affiché fin avril sa volonté de voir Philippe Salle, 46 ans, prendre la tête de l'entreprise, poussant ainsi Yves de Chaisemartin, 62 ans, vers la sortie.
M. de Chaisemartin avait alors proposé aux actionnaires d'élire jusqu'à cinq nouveaux administrateurs lors de l'assemblée générale. Avec une configuration à 13 membres, le PDG espérait alors garder la majorité au CA.
Mais, au moment des votes, les actionnaires ont écarté les candidatures des trois administrateurs indépendants considérés comme ses proches, Bertrand Duval, Stéphanie Paix, et Victoire de Margerie.
Avant de rejoindre Altran en 2005 et d'en prendre les rênes trois ans plus tard, Yves de Chaisemartin s'était imposé comme un personnage incontournable dans le monde de la presse française en dirigeant la Socpresse de l'ancien magnat Robert Hersant, dont il avait été l'avocat dans sa première carrière.