La Banque centrale européenne (BCE) a relevé jeudi sans surprise, son taux directeur d'un quart de point, à 1,50%, son message sur la Grèce étant davantage attendu.
La BCE avait multiplié les avertissements sur l'inflation depuis la précédente réunion du conseil des gouverneurs début juin, où elle avait laissé ses taux directeurs inchangés après la hausse effectuée en avril, la première depuis juillet 2008.
L'inflation a atteint 2,7% en juin, comme en mai, après 2,8% en avril. Soit bien au-delà de l'objectif fixé à la BCE de la maintenir sous les 2%.
L'institution monétaire de Francfort (ouest) juge aussi que malgré la crise de la dette que traversent plusieurs pays, la reprise économique est suffisamment enclenchée et les marchés financiers suffisamment normalisés pour lui permettre de revenir à une politique monétaire moins accommodante.
La BCE a aussi relevé son taux de prêt marginal auquel les banques peuvent emprunter en cas d'urgence de 2% à 2,25% et son taux de rémunération des dépôts des banques a été porté de 0,50% à 0,75%.
Les économistes estiment toutefois qu'elle devrait désormais lever le pied, ou tout au plus n'opérer une nouvelle hausse qu'en fin de quatrième trimestre, après l'arrivée de l'Italien Mario Draghi à sa tête.
Le ralentissement de la croissance de l'activité manufacturière devrait l'y inciter, tout comme le fait que la Réserve fédérale américaine (Fed) continue de pratiquer un taux compris dans une fourchette de 0 et 0,25%, note Gilles Moëc de Deutsche Bank.
Lors de la conférence de presse qui doit débuter vers 12H30 GMT, plus que des nouvelles sur la suite de sa politique monétaire, ce sont les déclarations de M. Trichet sur la crise grecque qui seront le plus guettées.
La BCE a signifié qu'elle n'accepterait aucune solution pouvant s'apparenter à "un événement de crédit, un défaut ou un défaut partiel", par exemple un rééchelonnement conséquent de la dette de la Grèce tel que réclamé par l'Allemagne.
Elle est allée jusqu'à brandir la menace, en cas de défaut de paiement, de ne plus accepter les obligations grecques comme garanties de ses prêts, ce qui aurait pour conséquence de couper les banques hellènes de leur source quasi-unique de financement, les autres banques étant réticentes à leur prêter.
Mais cette position se révèle de plus en plus intenable, les agences de notation financières se montrant intransigeantes avec toutes les propositions européennes.
Lundi, Standard and Poor's a douché l'enthousiasme né de l'adoption par le Parlement grec d'un nouveau plan d'austérité en annonçant que les propositions en cours de discussion sur un geste des banques privées en faveur d'Athènes pourraient s'apparenter à un défaut partiel. Mardi, sa concurrente Moody's a ajouté au désarroi général en dégradant sévèrement la note du Portugal, estimant que ce pays pourrait à son tour avoir besoin d'un second plan d'aide.
Pour sortir de cet "imbroglio" qui risque de faire de nouvelles victimes, agences de notation et BCE doivent trouver un compromis à même de préserver "leur crédibilité", constate Marie Diron, du cabinet Ernst and Young.
Elle suggère, comme d'autres confrères, que les agences de notation n'émettent qu'une note temporaire sur la Grèce, le temps que le nouveau plan d'aide soit adopté. La BCE de son côté pourrait modifier ses critères de manière à accepter les obligations grecques comme garanties.
Plus tranchants, les économistes de Commerzbank jugent que les responsables européens "doivent abandonner leur objectif d'éviter un défaut partiel, sinon aucune participation significative du secteur privé ne semble possible".