Une réduction à l'horizon 2030 à 50% --contre 75%-- du nucléaire dans la production électrique française nécessiterait une accélération du développement des énergies renouvelables et un renforcement du réseau pour être viable, estime RTE dans une étude publiée vendredi.
Dans un tel scénario, étudié par Réseau de transport d'électricité dans l'édition 2011 de son bilan prévisionnel de l'équilibre offre-demande d'électricité, les énergies renouvelables représenteraient en 2030 37,8% du mix énergétique français, contre 28,5% dans le scénario dit de référence.
La baisse de la part du nucléaire dans le mix énergétique impliquerait également la création de 10 gigawatts de capacités destinées à couvrir la demande au moment des pointes de consommation, contre 4,3 dans le scénario de référence.
Evoquant ce scénario, le président du directoire de RTE Dominique Maillard estime dans un entretien accordé aux Echos que "techniquement, c'est possible, mais au prix de quatre conditions assez lourdes".
Outre l'accélération des efforts de maîtrise de la demande d'énergie et de développement de l'éolien et du photovoltaïque et le renforcement des capacités de pointe, M. Maillard évoque également "le développement et le renforcement des réseaux de transport".
"Comme il y aura plus d'énergies renouvelables, qui sont intermittentes, il faudra faire en sorte que le réseau européen respire", explique le président de la filiale à 100% d'EDF dans Les Echos.
"Nous estimons qu'il faudra quasiment doubler les capacités d'interconnexion avec nos voisins", ajoute-t-il, évoquant un "scénario tendu".
De manière plus générale, le gestionnaire des lignes à haute tension estime dans son bilan que l'équilibre offre-demande d'électricité en France est assuré jusqu'en 2015, mais que "dès 2016, le risque de défaillance dépasse le seuil acceptable et un fort besoin de capacité de production ou d'effacement (retrait provisoire volontaire de la demande, ndlr) apparaît".
Dans ce cadre, la situation des régions Bretagne et PACA "demeure toujours critique", estime également RTE. Ces deux régions souffrent traditionnellement de leur isolement énergétique.
Selon les projections de RTE à l'horizon 2030, "la croissance modérée de la consommation en énergie se confirme".
Mais la consommation évolue, pointe RTE: "La baisse des consommations de la grande industrie, au profil régulier, et le développement des consommations résidentielles" tendent en effet à accentuer la pression au moment des pointes de consommation, généralement le soir vers 19H00.