Le Premier ministre grec Georges Papandréou a nommé vendredi un nouveau gouvernement avec l'entrée du ténor socialiste Evangélos Vénizélos au poste-clé de ministre des Finances, chargé de prendre à bras le corps la crise grecque qui menace de s'étendre à toute la zone euro.
Le premier défi pour le nouveau gouvernement sera de faire adopter d'ici la fin du mois un projet de loi d'austérité, vivement contesté dans la rue et une partie de la base du parti socialiste (Pasok) au pouvoir, mais jugé indispensable par les créanciers du pays pour débloquer une deuxième vague d'aide financière à la Grèce, au bord du défaut de paiement.
La nomination de ce nouveau gouvernement suspend au moins temporairement une crise politique qui menaçait en Grèce au sein de la majorité parlementaire socialiste, dont une partie est opposée aux mesures d'austérité.
La Maison Blanche a salué mercredi soir "la détermination" de M. Papandréou à prendre des "mesures difficiles pour guider la Grèce à travers ces problèmes financiers".
Le remaniement de M. Papandréou, le deuxième depuis son élection au pouvoir en 2009, intervient le jour où la cacophonie et les divisions qui ont prévalu depuis plusieurs semaines entre pays européens créanciers sur la façon d'aider la Grèce, semblent enfin se dissiper.
Vendredi la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy ont affiché leur entente pour une solution rapide au problème de la dette grecque, avec une participation volontaire des créanciers privés alors que le risque d'un défaut de la Grèce fait craindre une réaction en chaîne dans toute la zone euro.
L'Allemagne a semblé se ranger à la solution défendue par la Banque centrale européenne (BCE), la Commission européenne et la France, à savoir une participation du privé, c'est-à-dire des banques, mais uniquement sur une base volontaire.
De son coté, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a souhaité que le vote de confiance du Parlement au nouveau gouvernement grec, demandé par le Premier ministre, intervienne "rapidement".
De fait, le nouveau gouvernement, qui a prêté serment vendredi, devrait recevoir mardi un vote de confiance du Parlement à l'issue d'un débat qui doit commencer dimanche.
M. Vénizélos, le nouveau ministre des Finances, qui aura la lourde tâche de mettre en oeuvre les réformes demandées par les créanciers du pays, dont il devient l'interlocuteur, est un constitutionnaliste de 54 ans, qui fut un rival malheureux du Premier ministre Georges Papandréou pour le leadership du Pasok.
Il a également été nommé vice-premier ministre.
Jusqu'à présent à la Défense, M. Vénizélos remplace le technocrate Georges Papaconstantinou, artisan du premier plan international de soutien à la Grèce et du prêt de 110 milliards d'euros accordé en 2010 en échange d'un premier plan d'austérité.
Lors de la passation de pouvoir, M. Vénizélos a fait part de sa volonté de "continuer" la politique de rigueur tout en appelant à "un consensus politique" et à la "mobilisation" générale ralliant opposition et société.
Ayant occupé divers ministères dans de précédents gouvernements socialistes, M. Vénizelos semble pouvoir être en mesure d'apaiser la grogne sociale, au moins dans un premier temps selon les analystes, tout en essayant d'appliquer le plan de redressement de l'économie qui prévoit une réorganisation de la fonction publique et une augmentation des impôts.
Mais le politologue Ilias Nikolakopoulos "doute de ses possibilités pour faire avancer les vraies réformes" dont la Grèce a besoin. "On a une dizaine de jours pour voir comment il va réagir avant le bouclage des discussions en Europe", a-t-il ajouté.