La Commission européenne a mis vendredi la pression sur la chancelière allemande Angela Merkel, qui traîne les pieds, pour qu'elle approuve un mécanisme d'aide à la Grèce en cas de besoin "dès que possible", qui pourrait associer la zone euro et le FMI.
"J'appelle les dirigeants de l'UE à se mettre d'accord sur cet instrument dès que possible", a dit le président de la Commission, José Manuel Barroso, dans une déclaration publiée dans la soirée à Bruxelles.
"Nous ne pouvons pas prolonger plus longtemps la situation actuelle" d'incertitude, a-t-il averti.
M. Barroso lance ainsi un appel du pied implicite à la chancelière allemande, encore très réticente à approuver un mécanisme d'aide financière à la Grèce, en vue d'une réunion des chefs d'Etats et de gouvernements européens jeudi et vendredi prochains à Bruxelles.
Le Premier ministre grec Georges Papandréou a lui aussi exhorté les dirigeants européens à être "à la hauteur" à cette occasion, faute de quoi il menace de se tourner exclusivement vers le Fonds monétaire international (FMI) pour renflouer son pays en crise.
Les ministres des Finances de la zone euro se sont mis d'accord lundi sur les grandes lignes d'un tel plan, qui serait constitué d'un système prêts bilatéraux coordonnés.
Selon une source européenne, il pourrait s'élever aux alentours de 22 milliards d'euros, et proposerait des taux d'intérêts inférieurs à ceux, très élevés, que paie la Grèce aujourd'hui pour emprunter sur les marchés et financer ses déficits.
Mais ce mécanisme, inédit, doit encore être validé par les chefs d'Etat et de gouvernement européens pour pouvoir être déclenché le moment venu, et donc de la chancelière Merkel.
Or, cette dernière se refuse aujourd'hui non seulement à payer pour les problèmes budgétaires de la Grèce, mais aussi à donner dans l'immédiat son feu vert à la création d'un dispositif qui serait seulement utilisé au cas où.
"Il y a de fortes pressions pour parvenir à un accord sur un mécanisme de soutien à la Grèce et de fortes résistances de l'Allemagne à un tel mécanisme", a commenté vendredi un diplomate européen de haut rang.
Pour l'Allemagne, un geste à l'égard d'Athènes maintenant n'est "pas la bonne réponse" car il enverrait à ses yeux un mauvais signal, à la Grèce, mais aussi à d'autres pays européens considérés comme budgétairement fragiles dans la zone euro, comme le Portugal ou l'Espagne.
Après avoir exclu un recours de la Grèce au Fonds monétaire international, en estimant que l'UE devait pouvoir régler seule ses problèmes internes, l'Allemagne a changé son fusil d'épaule et se dit à présent ouverte à cette possibilité.
De son côté, M. Barroso n'a pas exclu pas une participation du FMI mais seulement pour une contribution financière dans le cadre d'un mécanisme d'aide piloté par la zone euro.
Cette option à deux est de plus en plus évoquée comme solution de compromis. Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a passé trois jours à Bruxelles cette semaine et s'est entretenu avec les responsables de la Commission, mais sans se prononcer publiquement sur ce sujet.
Les Pays-Bas, la Finlande, la Suède, le Royaume-Uni ou même l'Italie envisagent cette possibilité.
"Nous sommes partisans de suivre la route du FMI", même si elle "ne suffira pas" et qu'"une solution parallèle doit émerger" de l'UE elle-même, a indiqué jeudi soir le ministre néerlandais des Finances Jan Kees de Jager.
La crise grecque et l'intransigeance de la chancelière allemande face à la Grèce suscitent en attendant des remous dans toute l'UE, mettant à rude épreuve les relations entre Berlin et Paris, davantage ouvert à l'idée d'épauler Athènes.