L'inflation est restée stable en novembre à un niveau toujours élevé, mais ce sujet devrait passer au second plan lors de la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) la semaine prochaine, face à l'aggravation de la crise de la dette et aux menaces de récession.
L'inflation s'est établie à 3% en novembre pour le troisième mois d'affilée, selon une première estimation mercredi de l'office européen des statistiques, Eurostat. Ce chiffre est conforme aux attentes des analystes.
L'inflation reste ainsi pour la douzième fois de suite au-dessus du seuil de 2% visé à moyen terme par la BCE.
"En temps normal, ce chiffre devrait être un argument en faveur d'une hausse des taux, mais des temps difficiles requièrent des mesures exceptionnelles et les banques ont besoin d'argent à bas prix", a estimé Peter Kaidusch, économiste pour la banque Natixis, qui table sur une baisse à venir du taux directeur de la BCE.
En outre, le taux de chômage dans la zone euro - publié simultanément - a atteint 10,3% de la population active en octobre, soit un niveau record depuis la création de l'euro en 1999, a indiqué Eurostat.
"Compte tenu des signes croissants montrant que la contraction de l'activité se transforme peu à peu en sévère récession, il y a urgence pour que la BCE baisse ses taux de façon énergique, et ce aussi vite que possible", a estimé de son côté Janet Henry, économiste pour la banque britannique HSBC.
Ce sujet sera logiquement abordé lors de la réunion de la BCE jeudi 8 décembre, la deuxième avec l'Italien Mario Draghi à sa tête.
De l'avis des économistes, il devrait annoncer une baisse de 0,25 point à 1% de son principal taux directeur compte tenu de l'aggravation de la crise de la zone euro et des risques de récession.
La BCE avait abaissé en novembre son taux directeur à 1,25% face aux menaces de récession économique, cinq mois à peine après avoir augmenté le baromètre du crédit dans la zone euro à 1,50%.
Il faut dire que pour nombre d'économistes, l'inflation va retomber autour de 2% en 2012, soit le seuil que vise l'institut monétaire basée à Francfort.
En outre, l'inflation a ralenti en novembre dans plusieurs pays dont l'Allemagne, première économie de la zone euro, où elle est passée de 2,5% en octobre à 2,4%, ce qui pourrait rassurer la BCE et l'inciter à faire plus pour tenter d'endiguer la crise de la dette.
Berlin bloque jusqu'ici toute implication renforcée de la BCE en brandissant notamment les risques de flambée des prix qui seraient liés à cette stratégie.
Un bras de fer au sein de la zone euro oppose Paris et Berlin sur le rôle que doit jouer la BCE dans la résolution de la crise de la dette, la France militant pour une intervention massive de l'institut monétaire via des rachats de dette notamment, tandis que l'Allemagne estime que la BCE doit rester avant tout un rempart contre l'inflation.
Les analystes de Royal Bank of Scotland s'attendent à ce que la Banque centrale européenne "déploie de nouvelles mesures pour éviter un accident dans le secteur bancaire" lors de sa réunion. "Elle pourrait ne pas être le prêteur de dernier ressort pour les Etats mais bien pour les banques", soulignent-ils dans une note de marché.
Eurostat doit publier son estimation définitive de l'inflation pour le mois de novembre le 15 décembre.