Le Premier ministre grec Georges Papandreou a annoncé mercredi, au soir de grosses manifestations contre un projet de budget d'austérité, qu'il remanierait jeudi son gouvernement et demanderait un vote de confiance au Parlement.
"Demain, je formerai un nouveau gouvernement et immédiatement après je demanderai la confiance au Parlement" a déclaré le Premier ministre socialiste dans une brève allocution télévisée mercredi soir, prenant acte du refus de l'opposition conservatrice de parvenir à un accord pour former un gouvernement d'union nationale.
Sous pression des créanciers du pays, M. Papandreou tentait de parvenir à un accord avec l'opposition afin de faire passer un projet de loi budgétaire pluri-annuel, jugé nécessaire pour sécuriser le déblocage d'une nouvelle aide de l'Union européenne et du FMI.
"J'ai fait des efforts constants de coopération" en direction du principal parti d'opposition, Nouvelle démocratie (droite), qui "a considéré l'ensemble de cet effort en termes de communication", et "non pas en termes de politique et de responsabilité nationale", a-t-il déploré.
"Avant même que le fond ne soit discuté, des conditions ont été imposées publiquement qui ne pouvaient pas être acceptées car elles maintiendraient le pays dans une instabilité prolongée" a-t-il lancé.
Dans l'après-midi, les télévisions grecques avaient rapporté plusieurs rumeurs sur les conditions imposées par Antonis Samaras, le leader de la Nouvelle Démocratie, pour accepter la formation d'un gouvernement d'union nationale en Grèce.
Parmi celles-ci figuraient le départ de M. Papandreou, un terme très court de quatre ou cinq mois pour un éventuel gouvernement d'union nationale, une renégociation du memorandum d'accord avec les créanciers du pays et la tenue de nouvelles élections dans la foulée.
M. Papandreou a laissé entendre qu'il n'était pas attaché au pouvoir, semblant signifier que ce sont surtout les dernières conditions qui ont été jugées inacceptables.
"J'ai été clair et je n'ai jamais lié ma responsabilité au pouvoir" a-t-il dit. "Je continuerai sur la même route, la route de mon devoir avec le groupe parlementaire du Pasok" (socialiste), a-t-il ajouté.
Mercredi, des milliers de personnes ont manifesté à Athènes contre les mesures d'austérité contenues dans le projet de loi, comportant notamment hausses d'impôts et privatisations massives.
Cette manifestation atypique regroupait des syndicats traditionnels et des milliers de membres du groupe de résistance populaire des "Indignés" qui campent depuis le 25 mai au coeur d'Athènes, juste devant le Parlement.
Les protestataires ne sont pas parvenus à réaliser leur objectif qui était de former une chaîne humaine pour encercler symboliquement le parlement, où le vote sur le plan budgétaire est attendu pour fin juin.
Mais l'impact de ces protestations retransmises en direct sur les chaînes de télévisions internationales a été massif.
Le vote du projet de loi est une des conditions imposées à la Grèce pour obtenir le versement de la cinquième tranche du prêt de 110 milliards d'euros accordé en 2010 par l'UE et le FMI --dont 53 milliards au total ont déjà été versés-- et une probable deuxième aide financière. Le pays se trouve à nouveau au bord d'un défaut de paiement, selon les agences de notation financière.
M. Papandréou doit aussi faire face à une fronde jusque dans les rangs de sa majorité.
La défection mardi du député Georges Lianis, dénonçant "l'échec" de la politique suivie, réduit à 155 sièges sur 300 sa majorité au parlement. Un autre député socialiste a récemment indiqué qu'il voterait contre le plan.
A Bruxelles, la Commission européenne s'est déclarée attentive à l'aspect social des mesures d'austérité imposées à la Grèce.