Et de trois: après la Grèce et l'Irlande, le Portugal demande à son tour l'aide budgétaire européenne, une situation qui montre que la crise de la dette en zone euro est loin d'être finie et qui laisse l'Espagne désormais en première ligne.
Après des mois de tergiversations, le Portugal a fini par céder mercredi, invoquant l'"aggravation dramatique" de sa situation financière, avec des taux d'intérêt désormais trop élevés exigés par les marchés pour pouvoir y emprunter.
La Grèce, au printemps 2010, avait ouvert la voie. Confrontée à une envolée de son déficit public et de sa dette, elle a bénéficié la première de prêts des pays de l'Union européenne et du Fonds monétaire international pour un montant total de 110 milliards d'euros, dont le délai de remboursement a été depuis allongé.
A l'issue d'une crise qui a failli emporter la monnaie unique, les pays européens ont mis sur pied un véritable arsenal pour se défendre.
Ils ont créé un Fonds de soutien pour les pays de la zone euro en difficulté, qui emprunte sur les marchés grâce à des garanties apportées par les pays membres.
Pour l'Union monétaire, il s'agit d'une révolution, un peu plus d'une décennie après sa création. Le tabou qui interdisait auparavant qu'un pays en difficulté budgétaire puisse être sauvé par ses partenaires a sauté, en dépit des fortes réserves de l'Allemagne.
A l'automne dernier, l'Irlande, minée par la situation catastrophique de son secteur bancaire suite à l'éclatement d'une bulle immobilière, a chuté à son tour. Elle a été la première à bénéficier du Fonds de soutien en tant que tel, et de prêts du FMI, pour un montant total de 85 milliards d'euros.
Le Portugal, troisième candidat à l'aide, pourrait, lui, bénéficier d'une aide avoisinant les 75 milliards d'euros, selon le montant évoqué fin mars par le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.
Les Européens, dont les ministres des Finances se réunissent vendredi et samedi à Budapest, ont encore largement de quoi faire face. Ils viennent de décider de relever la capacité effective de prêts de leur Fonds de secours, de 250 à 440 milliards d'euros, même si les modalités pour y parvenir restent à définir.
Une décision dictée par la situation budgétaire ou d'endettement délicate de pays que les marchés financiers risquent, après le Portugal, de placer dans leur mire. Comme l'Espagne, qui a des liens étroits avec l'économie portugaise, notamment son secteur bancaire, voire la Belgique, privée de véritable gouvernement depuis près de dix mois.
Sans compter que de nouvelles difficultés apparaissent dans les pays déjà aidés.
Les marchés estiment ainsi que la Grèce échappera difficilement à une restructuration de sa dette publique qui pourrait dépasser 152% du PIB fin 2011. En clair: Athènes pourrait renoncer à rembourser tout ce que le pays a emprunté.
Ni les démentis quasi-quotidiens opposés par le gouvernement, ni le soutien appuyé du directeur général du FMI quant à la volonté d'Athènes de rembourser intégralement sa dette ne parviennent à calmer ces spéculations.
Quant à l'Irlande, le renflouement de ses banques nécessitera 24 milliards d'euros supplémentaires, a annoncé sa Banque centrale, une rallonge qui porte à 70 milliards la facture du sauvetage d'un secteur ayant plongé le pays au bord de la faillite.
Au final, c'est toute l'Union monétaire qui pourrait être précipitée dans une nouvelle zone de turbulences, après une période d'accalmie.
Pour l'analyste Sony Kapoor, du centre de réflexion économique Re-Define, "l'Europe doit arrêter la spirale des mauvaises nouvelles et de l'action inadéquate" de ses dirigeants, trop timide dans leurs réponses par à coups.