Une grève générale a fortement perturbé les transports, les aéroports et les services publics jeudi au Portugal, où des milliers de grévistes ont manifesté contre la politique de rigueur appliquée par le gouvernement en échange d'une aide financière internationale.
Les principaux aéroports du pays ont été pratiquement paralysés, des centaines de vols ont été annulés, tandis que le métro de Lisbonne et le service des navettes fluviales n'ont pas circulé provoquant d'importants embouteillages aux heures de pointe dans la capitale.
Dans l'ensemble du pays de nombreuses écoles, bureaux de postes, agences bancaires et services hospitaliers ont été fermés tandis que les services de voirie n'ont pas été assurés.
"La participation a été supérieure à celle de la grève générale de l'an dernier", qui avait selon les syndicats mobilisé plus de trois millions de personnes, a déclaré le secrétaire général de la CGTP, Manuel Carvalho da Silva lors d'une conférence de presse.
Refusant d'avancer un chiffre précis, le dirigeant syndical a souligné que "l'impact" du mouvement avait également été plus important, notamment dans le secteur des transports.
A ses côtés, le responsable de l'UGT Joao Proença a salué le "grand succès" de la grève et appelé le gouvernement à "écouter le mécontentement de la société portugaise".
D'après le gouvernement, 10,5% des quelque 416.000 fonctionnaires gouvernementaux ont participé au mouvement de grève.
"La grève qui a lieu aujourd'hui n'est pas pour nous une guerre de chiffres", avait toutefois indiqué dans la matinée le ministre porte-parole du gouvernement, Miguel Relvas. La "situation dans laquelle se trouve le Portugal ne pourra être surmontée que par la voie de la rigueur et de l'exigence", avait-il souligné.
Le gouvernement a subi jeudi un autre coup dur avec la dégradation de sa dette par Fitch. L'agence de notation a abaissé la note du Portugal d'un cran la note du pays, de "BBB-" à "BB+", la reléguant ainsi dans la catégorie des pays à risque.
Dans l'après-midi, une trentaine de manifestations ont été organisées à travers le pays. "Ni moins de salaire, ni plus d'horaire", "l'offensive est brutale, la grève est générale !", ont scandé à Lisbonne des milliers de grévistes dont les rangs ont été grossis par des jeunes "indignés".
Des brèves échauffourées ont ensuite eu lieu au pied des marches du Parlement où des manifestants, aussitôt repoussés par les forces de l'ordre, ont renversé des barrières. Sept personnes, dont un Allemand et une Française, ont été interpellées tandis qu'un policier a été légèrement blessé, a indiqué la police.
Dans la matinée, des incidents avaient déjà été signalés à Lisbonne, où des inconnus ont attaqué deux trésoreries à coup de pots de peinture et de cocktails molotov qui n'ont pas pris feu, sans faire ni victimes ni dégâts.
Cette grève générale, la septième depuis le retour de la démocratie au Portugal en 1974, a été convoquée par les deux principales centrales syndicales, qui s'étaient déjà unies pour appeler à la précédente grève d'il y a un an jour pour jour, alors que les socialistes étaient au pouvoir.
Le nouveau gouvernement de centre-droit, au pouvoir depuis juin, s'est engagé dans un plan de rigueur pour assainir ses finances et relancer son économie en échange d'une assistance financière de 78 milliards d'euros accordée en mai par l'Union européenne et le Fonds monétaire international.
Outre des augmentations de la TVA et des hausses des prix des transports, l'austérité touchera principalement les fonctionnaires dont les salaires ont été gelés et qui, l'année prochaine, perdront deux de leurs 14 mois de salaire. Dans le privé, la journée de travail pourra être augmentée d'une demi-heure.
Selon des estimations officielles, la rigueur devrait entraîner l'année prochaine une contraction de 3% de l'économie et un chômage record de 13,4%.