La Commission européenne a exhorté jeudi la France à aller plus loin dans la rigueur afin que le déficit public du pays rentre dans les clous de l'UE en 2013, et le gouvernement français lui a immédiatement assuré que cet objectif serait tenu.
En l'absence de nouvelles mesures, le déficit public de la deuxième économie de la zone euro ne devrait s'améliorer que légèrement, demeurant à 5,1% du Produit intérieur brut en 2013, selon les prévisions d'automne de la Commission européenne, soit bien au-dessus de la cible officielle de retour à 3% du PIB conforme au Pacte de stabilité européen.
Quant à la dette, elle devrait continuer de s'alourdir, atteignant 92% du PIB en 2013, très au-delà de la limite de 60% imposée par le Pacte.
Ces prévisions pessimistes ont conduit le commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn, à demander de nouveaux efforts à Paris, malgré le plan de rigueur tablant sur 7 milliards d'euros d'économies ou de nouvelles recettes d'ici fin 2012 dévoilé lundi par le Premier ministre François Fillon. Ce nouveau train de mesures s'ajoute à un précédent plan de rigueur de 12 milliards d'euros décidé à la fin août.
"Nous saluons le fait que le gouvernement (français) ait annoncé récemment des mesures de consolidation" budgétaire, qui sont "importantes", a dit M. Rehn, mais "pour ce qui concerne 2013, des mesures supplémentaires sont nécessaires pour corriger le déficit public excessif" du pays.
Il a exhorté Paris à "annoncer le plus vite possible" ce qu'il entend faire pour que son déficit reste conforme aux objectifs de l'UE à l'horizon de 2013.
Les ministres français des Finances et du Budget, François Baroin et Valérie Pécresse, lui ont répondu en assurant dans un communiqué que "l’engagement de ramener le déficit (public français) à 3% du PIB en 2013 puis à l’équilibre en 2016 serait tenu", et en soulignant la "détermination totale du gouvernement" à cet égard.
Le plan de rigueur annoncé lundi, qui comporte une accélération de la réforme des retraites et une hausse ciblée de la TVA, permettra de "générer des économies croissantes au fil du temps pour un montant total de 65 milliards d’euros à l’horizon 2016", font-ils valoir.
Ils évoquent aussi les "6 milliards d’euros de crédits mis en réserve dans le budget 2012, afin de garantir le respect de l’objectif de déficit même avec une croissance inférieure à 1% du PIB".
D'ailleurs, contrairement au gouvernement français qui table officiellement sur 1% de croissance l'an prochain, la Commission estime dans ses prévisions d'automne qu'il ne faut pas attendre plus de 0,6% de progression du PIB, avant 1,4% en 2013. En mai, elle voyait encore la croissance dans la deuxième économie de la zone euro atteindre 2% en 2012.
Pour 2013, les deux ministres annoncent que le budget intègrera aussi "une réserve destinée à faire face à une croissance plus faible que prévu" mais sans la chiffrer.
Interrogée lundi sur l'éventualité d'un troisième plan de rigueur, Mme Pécresse en avait écarté l'idée.
Le second plan est pourtant "à l'évidence insuffisant", a estimé jeudi l'ex-président de la Banque européenne de Développement (BERD) Jacques Attali, le jugeant "peu lisible".
Selon lui, ce plan ne changera "rien quant à la survie de la note AAA de la France", qui lui permet théoriquement de financer sa dette à des taux préférentiels. De fait, subissant la contagion de l'Italie, la France connaît déjà un écart de taux record avec l'Allemagne sur le marché obligataire.