PARIS (Reuters) - TF1 (PA:TFFP) a annoncé samedi qu'il avait demandé à l'opérateur télécoms SFR (PA:SFRGR) de cesser de distribuer ses chaînes de télévision gratuites sur ses "boxes" après l'échec de plusieurs mois de discussions sur les modalités financières de leurs accords de distribution.
Ces accords, qui avaient été prolongés de plusieurs mois pour tenter de parvenir à un compromis, ont pris fin vendredi, a annoncé dans un communiqué le groupe de télévision, propriétaire des chaînes TF1, TMC, NT1, HD1 et LCI.
La filiale de Bouygues (PA:BOUY) met ainsi ses menaces à exécution après avoir engagé depuis un an-et-demi un bras de fer avec ses distributeurs, les opérateurs télécoms et Canal+, en vue d'obtenir une hausse substantielle de sa rémunération pour l'utilisation de ses chaînes et de son service de rattrapage MYTF1.
"A compter du 29 juillet 2017, date d’échéance des contrats, et en l’absence de tout accord avec le groupe TF1, Numericable-SFR n’est plus autorisé à exploiter commercialement MYTF1 et les chaînes en clair du groupe TF1", explique TF1 dans son communiqué.
Première conséquence, le service MYTF1 n'est plus disponible sur les boxes de l'opérateur télécoms, filiale d'Altice (AS:ATCA). Il reste accessible sur les tablettes, ordinateurs et téléphones portables.
En dépit de la fin de leurs accords commerciaux, SFR continuait en revanche samedi à diffuser les chaînes gratuites de TF1 qui se dit désormais prêt à étudier tous les moyens juridiques pour faire valoir ses droits.
"Numericable-SFR n’a aucun droit à distribuer nos chaînes sans notre accord, et nous n’avons aucune obligation de les lui fournir", assure le PDG de TF1 Gilles Pélisson dans une lettre adressée aux salariés du groupe.
Face à l'explosion de la concurrence des chaînes gratuites et à un marché publicitaire mou, le PDG a lancé une stratégie de diversification des ressources de TF1 qui vise notamment à obtenir une meilleure rémunération pour ses chaînes, leaders incontestés en termes d'audience dans l'univers des chaînes privées.
"Si ces programmes représentent un coût important pour le groupe TF1, ils créent de la richesse pour Numericable-SFR, en étant générateur d’abonnements", souligne le PDG en rappelant que son groupe investit chaque année 1 milliard d'euros.
DISCUSSIONS EN COURS AVEC LES AUTRES OPÉRATEURS
Le dirigeant rappelle par ailleurs que plusieurs opérateurs français, dont SFR, rémunèrent dans d'autres pays le signal de chaînes gratuites, notamment en Belgique et aux Etats-Unis.
Les opérateurs sont pour leur part vent debout contre l'offensive de TF1, imité dans sa démarche par le groupe M6.
Ils soulignent que les opérateurs télécoms qui rémunèrent la distribution de chaînes gratuites dans d'autres pays reçoivent souvent en contrepartie une part des revenus publicitaires et rappellent par ailleurs qu'ils doivent supporter des coûts de distribution.
SFR, qui a porté son différend devant le Conseil supérieur de l'audiovisuel, n'a pas souhaité faire de commentaire dans l'immédiat.
Les discussions se poursuivent avec Orange, Bouygues Telecom, Free ( Iliad (PA:ILD)) et Canal+ ( Vivendi (PA:VIV)) dont l'échéance des contrats arrive plus tard.
Le PDG de TF1 laisse quant à lui la porte ouverte à une reprise des discussions avec SFR.
"Nous sommes naturellement mobilisés avec le Comité Exécutif pour trouver un accord équitable avec Numericable-SFR, en continuant à privilégier la négociation", explique-t-il dans sa lettre aux salariés.
(Gwénaëlle Barzic, édité par Nicolas Delame)