Nicolas Sarkozy a présenté jeudi la "réhabilitation du travail" et le renforcement de la compétitivité de la France comme les deux grands objectifs de sa politique économique pour 2011, s'ajoutant à la poursuite des efforts de réduction des déficits.
Au pied d'un énorme A380 fraîchement sorti de l'usine d'assemblage d'Airbus à Blagnac, près de Toulouse, le chef de l'Etat a présenté au monde économique des voeux qu'il a voulus lucides sur la situation économique --à mi-chemin entre "optimisme béat" et "sinistrose"--, mais déterminés.
Au lendemain de l'annonce de la plus importante commande de son histoire (180 A320 achetés par la compagnie indienne IndiGo), Nicolas Sarkozy a érigé le constructeur aéronautique européen en exemple.
"Quand je vois la magnifique réussite de l'entreprise, je me dis qu'il faut croire en la France", a-t-il assuré, "nous ne sommes pas condamnés au déclin, mais les recettes qui marchent, les stratégies qui réussissent, on les connaît: réhabiliter le travail, améliorer notre compétitivité, réduire nos dépenses publiques et faire en sorte que chacun puisse s'y retrouver".
Comme ces derniers mois dans chacune de ses visites d'usines, le président a fait de la "réhabilitation du travail" une priorité, qui sonne déjà comme un slogan de campagne pour la présidentielle de 2012.
"Il faut qu'on réhabilite le travail et qu'on comprenne mieux que, pour que nous nous en sortions, il faut absolument que nous travaillions mieux", a-t-il insisté, "on améliorera le pouvoir d'achat des salariés (...) en leur donnant des emplois et en leur permettant de travailler davantage".
S'il a reconnu les "souffrances" et "difficultés" suscitées par la crise, ainsi qu'une "profonde aspiration à davantage de justice", Nicolas Sarkozy a présenté comme seule réponse "qu'on laisse travailler ceux qui veulent travailler", "pas qu'on multiplie les allocations".
Sans évoquer la polémique sur leur fin qui agite sa majorité, il a une nouvelle fois enterré les 35 heures. "On ne peut pas travailler moins dans un monde qui avance à une vitesse stupéfiante", a-t-il martelé.
Sur la compétitivité, Nicolas Sarkozy s'est livré à un nouveau plaidoyer pour l'intégration européenne. "L'euro est une grande réussite européenne, c'est une force, y renoncer serait une folie", a-t-il estimé, tout en trouvant sa valeur par rapport au dollar encore "trop élevée".
Epinglant l'Irlande qui a conservé son faible taux d'imposition des sociétés tout en profitant de l'aide européenne, le président a redit sa volonté "d'aller plus loin vers un nouveau gouvernement économique de la zone euro".
Et M. Sarkozy de promettre la poursuite des efforts de réduction des déficits, "quelle que soit la croissance" et "sans augmenter les impôts".
"Quelques jours" avant la remise d'un rapport commandé au président de la Cour des comptes Didier Migaud, le président a également confirmé son intention de rapprocher le système fiscal français de celui de son voisin allemand, par le biais d'une réforme de l'imposition du patrimoine qui doit signer l'arrêt de mort du très décrié bouclier fiscal et, peut-être, de l'impôt sur la fortune.
"Je suis de ceux qui pensent qu'il est plus logique de taxer les revenus du patrimoine que de taxer la détention du patrimoine", a-t-il lancé.
Avant son discours, Nicolas Sarkozy a visité le nouvel avion de transport militaire A400M et un A380 en cours d'assemblage. L'occasion d'affirmer aux salariés d'Airbus avoir défendu leur avion ravitailleur, en compétition avec Boeing pour un contrat aux Etats-Unis, lundi devant Barack Obama: "Je lui ai dit, +notre avion, c'est le meilleur+".