L'économie chinoise, la troisième du monde, a connu un ralentissement au deuxième trimestre, a annoncé jeudi le gouvernement, dont les mesures pour éviter la surchauffe, notamment dans le secteur immobilier, semblent commencer à porter leurs fruits.
La croissance du produit intérieur brut s'est élevée à 10,3% d'avril à juin, a indiqué jeudi le Bureau national des statistiques (BNS).
Même s'il s'agit d'une croissance à deux chiffres pour le troisième trimestre consécutif, c'est un ralentissement par rapport au premier trimestre (+11,9%) et aux trois derniers mois de 2009 (+10,7%), après les différentes mesures par Pékin pour éviter la surchauffe.
Au premier semestre, l'économie a enregistré une croissance de 11,1% sur un an, selon le BNS.
Malgré ces signes de ralentissement, le gouvernement a affiché sa volonté de poursuivre la même politique macro-économique, d'autant que les analystes écartent tout risque d'une retombée brutale.
"De manière générale, l'économie va bien", a dit à la presse le porte-parole du BNS, Sheng Laiyun, ajoutant : "Il y a encore beaucoup de difficultés et de problèmes en ce moment de reprise".
La croissance pourrait repasser sous la barre des 10% au deuxième semestre, selon les experts qui n'y voient pas un signe d'alarme.
"Malgré ce ralentissement de la croissance, les possibilités d'une récession en +double ceux+ (NDLR: baisse du PIB suivie d'une reprise puis d'une nouvelle baisse plus conséquente) sont assez minces car les autorités sont assez souples sur l'orientation de la politique", estime Lu Ting, économiste chez Bank of America-Merrill Lynch.
"Ils ont encore beaucoup d'argent à leur disposition pour faire face à tout ralentissement important", ajouté Lu.
La Chine était sortie de la crise grâce à un plan de relance de 4.000 milliards de yuans (plus de 460 milliards d'euros) sur deux ans et à des prêts bancaires qui avaient presque doublé pour atteindre en 2009 quelque 9.600 milliards de yuans.
Depuis, Pékin a pris un certain nombre de mesures pour éviter l'emballement de l'économie, en particulier en mettant un frein sur le crédit et les investissements immobiliers.
L'indice des prix à la consommation en Chine, principale jauge de l'inflation, a enregistré une hausse de 2,9% en juin sur un an, contre 3,1% le mois précédent, nouvelle illustration de l'efficacité des mesures gouvernementales.
L'inflation a été de 2,6% au premier semestre.
Pour l'économiste de Morgan Stanley, Wang Qing, il existe une "forte probabilité" que le gouvernement relève son objectif de 7.500 milliards de yuans (868 milliards d'euros) de prêts pour l'ensemble de l'année.
"Au vu du relâchement des pressions inflationnistes, la tendance au deuxième semestre pourrait être à l'assouplissement", a jugé Wang.
Les investissements dans les zones urbaines, un des moteurs de l'économie, ont progressé de 25,5% au premier semestre, alors que dans le même temps, la production industrielle a connu une augmentation de 17,6%.
Les ventes de détails, mesure de la consommation que les autorités souhaitent soutenir, ont cru de 18,2% sur les six premiers mois.
Le mois dernier, le Premier ministre chinois Wen Jiaobao s'était félicité de la tendance de l'économie chinoise, affirmant qu'elle allait "dans la direction prévue, sous le contrôle macroéconomique" du gouvernement.