Les ventes de logements neufs ont fortement chuté au deuxième trimestre en France, comme prévu, en raison de la diminution des avantages fiscaux pour les investisseurs, alors que les prix continuent de grimper, avivant la crainte d'une baisse des mises en chantier pour fin 2012.
Seulement 23.183 logements neufs ont été vendus par les promoteurs pendant les mois d'avril à juin de cette année, soit une baisse de 22,6% par rapport à la même période de 2010, selon les chiffres publiés mardi par le ministère du Logement qui a fait état parallèlement mardi d'une hausse de 9,1% des mises en chantier et de 8,6% des permis de construire entre mai et juillet 2011.
"La baisse de 25% en 2010 à 22% en 2011 du taux de réduction d'impôt du +Scellier+ pour les investisseurs et la déception enregistrée par les promoteurs concernant le prêt à taux zéro (PTZ)+, qui a plus favorisé les achats dans l'ancien, sont les causes principales de cette baisse", explique à l'AFP Michel Mouillart, professeur d'économie à l'Université Paris X-Nanterre.
Pour l'ensemble de l'année 2011, le nombre de logements neufs vendus par les promoteurs devrait tomber, selon M. Mouillart, à environ 95.000 contre 115.000 en 2010 et 106.000 en 2009, loin du record de 127.000 en 2007.
"Les ventes devraient s'accélérer au second semestre car les investisseurs voudront encore profiter d'un avantage fiscal favorable même s'il est réduit à 16% en 2012", espère Guy Nafilyan, PDG de Kaufman & Broad, l'un des principaux promoteurs français.
Selon M. Mouillart, "l'autre point d'inquiétude concerne la hausse des prix, qui n'a pas raison de s'arrêter en raison de l'augmentation des prix des matériaux et des contraintes imposées pour les bâtiments basse consommation (BBC)".
Au deuxième trimestre, le prix moyen du m2 des logements collectifs neufs était supérieur de 7,7% au même trimestre de 2010 alors que celui des maisons individuelles ne progressait que de 1,8%.
Cette hausse touche aussi le parc ancien. "La hausse des prix du parc existant atteint une ampleur encore jamais enregistrée. Là où les marchés sont le plus tendus, les ménages voient leur capacité financière à accéder à la propriété chuter progressivement", souligne l'Institut de l'épargne immobilière et foncière (Ieif) dans une étude intitulée "Logement: un marché locatif sous influence".
Le nombre total de mises en chantier (avec les logements sociaux et les maisons individuelles), avec 347.355 unités au cours des douze derniers mois (août 2010 à juillet 2011), est encore augmentation de 15,7% par rapport aux douze mois précédents alors que celui des permis de construire accordés est de 422.974, en hausse de 10,1% par rapport aux 12 mois précédents.
Pour le secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu, "la hausse du nombre de permis de construire démontre que les actions du gouvernement continuent de produire des effets importants. Cela permet d'envisager un rythme de construction soutenu pour les prochains mois. La baisse de la commercialisation est en partie conjoncturelle mais la tendance devrait s'inverser en fin d'année 2011".
Mais le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) Marc Pigeon craint, au vu de la chute des ventes, une baisse des mises en chantier "à la fin de l'année 2012".
Aussi il annonce à l'AFP qu'il va se rendre une nouvelle fois mercredi au ministère des Finances pour éviter un "rabotage" supplémentaire, au taux de 14%, de l'avantage fiscal pour les investisseurs, comme Bercy l'envisage dans le cadre du budget 2012.