La Russie a annoncé vendredi avoir été sollicitée pour un prêt de cinq milliards d'euros par la République de Chypre, qui vient de prendre la présidence tournante de l'Union européenne et a également sollicité l'aide de Bruxelles.
Le ministre russe des Finances, Anton Silouanov, a indiqué que Moscou avait reçu une demande d'aide de Nicosie, pour un montant de cinq milliards d'euros.
"Pour le moment, nous l'examinons", a-t-il ajouté, cité par les agences russes, rappelant par ailleurs que Chypre s'était aussi adressée à l'UE pour une aide.
Un peu plus tard, un responsable du ministère des Finances, Konstantin Vychkovskii, a précisé que les autorités russes attendaient de voir le résultat des négociations avec Bruxelles. "Cela sera pris en considération dans la prise de décision" à Moscou, a-t-il dit.
Le président de Chypre, Demetris Christofias, avait déjà indiqué avoir demandé de l'aide d'une part à la Russie et d'autre part à l'UE et au Fonds monétaire international, sans préciser de montant. Il avait souligné qu'un prêt de Moscou serait probablement assorti de conditions plus favorables que celles du FMI et de l'UE.
"Je ne comprends pas pourquoi ce n'est pas bien" de demander de l'aide à un pays qui n'est pas membre de l'UE, alors que nous avons de "bonnes et anciennes relations" avec lui, a-t-il déclaré jeudi, ajoutant que la Russie n'était "pas l'Union soviétique d'hier".
Nicosie avait déjà obtenu fin 2011 un prêt à taux bonifié de 2,5 milliards d'euros pour 2012 auprès de la Russie, pays avec lequel l'île a des liens économiques étroits.
De nombreux hommes d'affaires et banques russes ont des fonds dans les banques chypriotes, et des dizaines de milliers de Russes résident sur l'île touristique.
Ce n'est pas la première fois que Moscou est sollicité par un pays européen: en 2008, l'Islande avait demandé un prêt allant jusqu'à 4 milliards d'euros à la Russie, qui se targuait alors de taux de croissance insolents.
Mais la crise avait fini par toucher le pays et Moscou avait finalement renoncé à aider Reykjavik.
La République de Chypre, qui a rejoint l'Union européenne en 2004 et adopté l'euro en 2008, a pris de plein fouet la crise économique et financière qui secoue la Grèce, son principal partenaire.
Elle ne peut plus emprunter sur les marchés internationaux de la dette et les trois principales agences de notation ont ramené sa note au niveau "spéculatif".
Selon certains analystes, le montant total de l'aide dont aurait besoin Chypre serait de l'ordre de 10 milliards d'euros, à la fois pour venir en aide à ses banques en difficulté et pour équilibrer ses finances publiques.
Le 25 juin, l'île s'est résolue à demander l'aide de Bruxelles pour son secteur bancaire en difficulté, devenant le cinquième pays de l'Union à effectuer cette démarche auprès des autorités européennes.
Une mission de représentants de la Commission européenne, du FMI et de la Banque centrale européenne est depuis mardi sur l'île pour établir notamment les mesures d'austérité que doit réaliser le gouvernement pour ramener son déficit budgétaire sous la barre des 3%. Il a dépassé en 2011 les 6%.
Le ministre chypriote des Finances, Vassos Shiarly, a estimé vendredi que le pays était une victime "injuste" de la crise de la dette en Europe, appelant les membres de la zone euro à partager celle-ci en fonction de leur taille.
Selon le ministre, Chypre a payé un "prix très lourd" dans l'effacement de 107 milliards d'euros de la dette de la Grèce, qui en réduisant la valeur des obligations grecques, très nombreuses dans les comptes des banques chypriotes, lui a coûté 4,2 milliards d'euros, soit 24% de son PIB.