Moins de trois semaines après avoir mis à disposition des collectivités locales une première enveloppe d'urgence de 2 milliards d'euros, la Banque postale a doublé samedi la mise, alors que se multiplie le nombre de villes dans une situation financière tendue.
La Banque Postale, qui envisageait de mobiliser 2 milliards pour répondre aux besoins les plus criants des municipalités, pourrait "élargir jusqu'à 4 milliards d'euros l'enveloppe prévue initialement", selon son communiqué.
La filiale de la Poste tente ainsi de se substituer au groupe franco-belge Dexia, banquier traditionnel des collectivités locales françaises, que ses actionnaires ont dû se résoudre à démanteler après des pertes colossales.
Dans un communiqué conjoint, les ministres de l'Economie et des Finances Pierre Moscovici et de Réforme de l'Etat et la Décentralisation Marylise Lebranchu ont reconnu que la situation de nombreuses villes avait été aggravée par la décision de Dexia de leur couper leur ligne de crédit.
Du jour au lendemain, celles-ci risquent de se trouver dans l'incapacité de payer leurs dépenses courantes, comme salaires et fournisseurs.
Selon l'Association des maires des grandes villes de France, qui se félicite de la décision de la Banque postale, 220 collectivités se retrouvent victimes de la décision de Dexia de geler l'accès à leur crédit "revolving".
La Banque postale avait accepté le 20 juin d'utiliser une partie de ses abondantes liquidités --2 milliards d'euros-- pour aider des collectivités.
Cette enveloppe, qui permettait aux municipalités d'obtenir des crédits d'une durée maximale d'un an, est en passe d'être entièrement consommée: "déjà près de 2 milliards de besoins de financement ont été formulés par les collectivités partout en France", a expliqué la banque dans son texte.
Le président du directoire de la Banque Postale, Philippe Wahl, a déclaré en marge des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence (sud-est) que cette annonce concernait uniquement les financements à court terme.
"Avant la fin de l'année on sera prêts sur les financements à moyen et long terme", a-t-il dit à des journalistes.
"L'offre de financement (...), qui ne s'adresse aujourd'hui qu'aux collectivités locales, sera progressivement proposée, dans le courant de l'année 2013, à l'ensemble des acteurs du secteur public local (établissements de santé, centres de recherche, universités, etc.), lorsque la Banque Postale disposera des outils d'analyse de risques nécessaires pour proposer des solutions de financements adaptées à leurs besoins", a ajouté l'établissement.
M. Moscovici et Mme Lebranchu ont assuré de leur côté que "le gouvernement veillera (...) à ce que des solutions pérennes soient trouvées pour le financement des collectivités locales au-delà des éléments d'intervention exceptionnels déjà mis en place par l'Etat".
"La Banque Postale devrait notamment compléter à terme sa gamme en partenariat avec la Caisse des dépôts pour contribuer durablement au financement du secteur public local", ont ajouté les deux ministres, sans mentionner la création d'une future "banque des collectivités", présentée jusqu'ici comme la solution à la disparition de Dexia.
Interrogé sur ce dernier point, Philippe Wahl a répondu: "C'est la Banque Postale, la banque des collectivités!"
"C'est l'idée de la joint-venture avec la Caisse des dépôts, donc on continue à y travailler", a-t-il ajouté, assurant que le projet n'était ni repoussé ni remis en question.
La création d'une vraie banque des collectivités est extrêmement complexe à mettre en oeuvre et implique un feu vert de la Commission européenne, qui se montre pour l'instant assez réservée sur le plan de démantèlement de Dexia.
Sur les 18 à 20 milliards d'euros de besoin de financement des collectivités locales sur l'année, la nouvelle banque devait en apporter 2,5 milliards. Les pouvoirs publics ont assuré qu'ils combleraient ce manque si nécessaire.
La situation des collectivités locales, un des moteurs de l'investissement en France, est d'autant plus inquiétante que le gouvernement a décidé un gel de leurs dotations dans le cadre de son plan de rigueur.