La Corée du Sud a annoncé mardi reprendre à zéro la procédure d'appel d'offres pour 60 avions de combat, le plus gros contrat de défense jamais passé par le pays, et pour lequel l'américain Boeing faisait jusqu'à peu figure de grand favori.
Les candidats toujours en lice ces derniers mois étaient les américains Boeing (avec le F-15 Silent Eagle) et Lockheed Martin (le F-35 Lightning II) et le consortium européen EADS (l'Eurofighter Typhoon).
Il s'agit pour Séoul de remplacer une flotte vieillissante de F-4 et de F-5.
Boeing et ses F-15 Silent Eagles faisait figure ces dernières semaine de finaliste. En août, la presse sud-coréenne affirmait qu'EADS avait été éliminé faut d'avoir répondu à certains critères, une information que l'européen avait aussitot démentie.
La presse sud-coréenne ajoutait que Lockheed Martin s'était retiré.
EADS fait partie du consortium fabriquant les avions de combat Eurofighter aux côtés du britannique BAE Systems et de l'italien Finmeccanica.
Mais l'Agence chargée des programmes d'acquisition d'équipement militaire a visiblement décidé que les Silent Eagles ne répondaient pas aux critères opérationnels requis, notamment au regard de la menace nucléaire émanant de la Corée du Nord.
Les deux voisins sont toujours techniquement en guerre, faute d'avoir signé un traité de paix après la guerre de Corée il y a 60 ans.
"Une majorité des membres du comité (de l'Agence) ont décidé de rejeter (le F-15) et de recommencer le projet", a déclaré un porte-parole du ministère de la Défense, Kim Min-Seok.
L'Agence a pris en compte "la situation actuelle sur la sécurité, le programme nucléaire nord-coréen (...) et le développement rapide de la technlogie aéronautique".
Le processus d'appel d'offres avait été émaillé de nombreuses tensions, en raison de l'inflexibilité du gouvernement à ne pas vouloir dépassser le budget fixé par le parlement, à savoir 8.300 milliards de wons (5,72 milliards d'euros, 7,7 milliards USD) pour les 60 avions commandés.
Fin août, 15 anciens haut responsables des forces de l'air ont signé une pétition qualifiant d'"irrationnelle" la procédure qui avait éliminé les appareils de Lockheed Martin et d'EADS.
Les critiques reprochent au F-15 Silent Eagle de ne pas être équipé des capacités furtives permettant d'échapper aux radars, contrairement à des avions de combat plus modernes, tels que les F-35.
Le gouvernement a donc décidé de reprendre toute la procédure à zéro, "rapidement, en réajustant le budget et d'autres questions", a indiqué un porte-parole de l'Agence.
L'ensemble du processus devrait prendre "environ un an", a précisé le porte-parole du ministère de la Défense. "Nous allons accélérer les choses afin de nous assurer que le vide dans notre défense nationale soit limité à un minimum de temps", a-t-il ajouté.
Plusieurs possibilités seront examinés: le nombre d'avions commandés pourrait changer, la période de financement pourrait être prolongée, ou le contrat pourrait porter sur plusieurs types d'avions.
Jusqu'à présent, les fournisseurs dans le secteur de la défense venaient pour la plupart des Etats-Unis, en raison de l'étroitesse des liens entre les deux pays en matière militaire --Washington est un allié de poids de Séoul, face à la Corée du Nord--.
Mais Séoul a semblé ces derniers mois élargir la liste de ses fournisseurs. En janvier, le pays a ainsi préféré l'anglo-italien AgustaWestland à l'américain Sikorsky pour la livraison de six hélicoptères à la Marine sud-coréenne, un contrat de 567 millions USD.
La Corée du Sud a acquis 60 F-15 de Boeing depuis 2002. Elle veut acquérir 60 autres avions de combat d'ici 2021.