La production industrielle chinoise a légèrement accéléré en mai, mais ce sursaut restait timide sur fond d'essoufflement persistant de la deuxième économie mondiale et alors que les assouplissements à répétition de la banque centrale peinent à faire pleinement effet.
Le mois dernier, la production industrielle a augmenté de 6,1% sur un an, contre une hausse de 5,9% en avril, a indiqué jeudi le Bureau national des statistiques (BNS).
Les ventes au détail en Chine, baromètre de la consommation des ménages, ont quant à elles progressé de 10,1% sur un an en mai, se stabilisant après avoir progressé de 10% le mois précédent.
Des statistiques sans éclat, mais qui correspondaient peu ou prou aux anticipations médianes des analystes interrogés par l'agence Bloomberg (+6% pour la production industrielle, +10,1% pour les ventes de détail).
"Cette stabilisation, ou modeste accélération, dans la production augure d'une performance économique pas si désastreuse dans les mois qui viennent", commentait Li Wei, de la Commonwealth Bank of Australia, cité par Bloomberg.
Mais il est pour autant difficile de parler d'embellie, comme le faisait observer Jiang Yuan, économiste du BNS.
"En dépit d'un sursaut à la marge de la production industrielle ces deux derniers mois, la demande en Chine comme à l'international pour les produits industriels demeure faible", a-t-il insisté.
De fait, la consommation intérieure reste déprimée, incapable de prendre le relais d'une demande en berne à l'exportation.
En témoignaient les statistiques décevantes du commerce extérieur dévoilées lundi: les importations chinoises ont dégringolé de 17,6% sur un an en mai, plongeant pour le septième mois consécutif, tandis que les exportations reculaient de 2,5%.
"De façon générale, les statistiques mesurant l'activité ne montrent pas une grande amélioration", abondait Liu Li-Gang, analyste de la banque ANZ, pointant un effondrement du fret ferroviaire et une stagnation de la production d'électricité.
Le BNS a également fait état d'un nouveau ralentissement des investissements en capital fixe, un moteur de l'économie: pour les cinq premiers mois de l'année, ils ont gonflé de 11,4% sur un an --leur plus faible taux de progression depuis 2000.
- Limites de la politique monétaire -
Alors que l'activité manufacturière continue d'osciller entre stagnation et contraction, la Chine devrait enregistrer cette année sa plus faible croissance économique depuis près d'un quart de siècle.
Le géant asiatique voit deux piliers traditionnels de son économie --les exportations et la construction-- s'essouffler après des années de surchauffe.
Et les autorités cherchent toujours des solutions pour relancer une activité à la peine.
Ainsi, la banque centrale chinoise (PBOC) a réduit par trois fois ses taux d'intérêt depuis novembre et abaissé les ratios de réserves obligatoires des banques pour les encourager à offrir davantage de crédit.
Mais au final, "il apparaît que ces assouplissements monétaires répétés n'ont eu jusqu'à présent qu'un effet limité sur la dynamique de croissance", soulignait Liu Li-Gang, de ANZ.
Effrayées par des salves de défauts de paiement, "les banques commerciales sont réticentes à prêter", note-t-il. Ainsi, les coûts réels pour se financer demeurent élevés pour les entreprises.
De l'avis général, la PBOC devrait donc se montrer encore plus accommodante, et pourrait --selon le courtier Nomura-- abaisser à nouveau dès juillet ses taux d'intérêt.
Mais d'autres analystes évoquent un éventuel scénario de "trappe à liquidités", situation où les injections de liquidités par la banque centrale ne parviennent plus à doper le crédit et la demande.
Les statistiques maussades publiées cette semaine pourraient donc inciter le gouvernement à renforcer ses mesures de relance budgétaire, sur lesquelles il se montre déjà "plus proactif" de l'avis d'ANZ.
Le gouvernement central s'efforce ainsi d'alléger le coût de la dette colossale des collectivités locales, via un vaste plan de refinancement, plan dont il a justement annoncé jeudi avoir doublé l'envergure.
Pékin vante volontiers ses efforts de "rééquilibrage" du modèle économique chinois au profit des services mais au détriment des industries lourdes en surcapacité et des monopoles de groupes d'Etat peu rentables.
Mais il ne cache pas sa détermination à éviter tout ralentissement violent, se disant prêt à des "ajustements" pour accompagner la "nouvelle normalité" d'une croissance ralentie.