Les Emirats Arabes Unis ont mis en compétition le chasseur Eurofighter contre l'avion français Rafale, qui faisait figure de favori pour équiper leur force aérienne, une nouvelle qui a fait l'effet d'un coup de théâtre à l'ouverture dimanche du salon aéronautique de Dubaï.
Abou Dhabi a demandé au Royaume-Uni, qui utilise l'Eurofighter, de l'informer des capacités de ce chasseur et cette réunion d'information s'est tenue le 17 octobre, a déclaré le consortium européen.
Les Emirats ont ensuite demandé une offre au constructeur européen et "nous travaillons dur pour présenter une réponse", a ajouté un porte-parole de Eurofighter.
Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, qui avait estimé le 17 octobre que la probabilité que les Emirats achètent le Rafale était "très, très forte", ne s'est pas laissé démonter par la nouvelle qu'il a accueillie comme de bonne guerre, "un froncement de sourcil" de négociateurs.
Ceci apparaît "comme une mesure d'animation de la procédure", a-t-il déclaré à quelques journalistes au salon de Dubaï, se disant optimiste sur la possibilité que le contrat, qui porte sur 60 Rafale, soit conclu avant la fin de l'année.
Il a ajouté que l'armée de l'air des Emirats n'insistait plus pour que le chasseur soit équipé de nouveaux réacteurs, assurant que les Emiratis avaient vu à l'usage que les 7,5 tonnes de poussée de chacun des réacteurs ne l'empêchaient pas de remplir ses missions de reconnaissance, de combat aérien ou d'appui au sol.
M. Longuet n'a pas exclu que la France et les Emirats passent un accord stratégique aux termes duquel Paris s'engagerait à faire de son mieux pour trouver un repreneur pour une partie des Mirage 2000-9 qui équipent l'armée de l'air des Emirats.
Abou Dhabi négocie depuis des années de gré à gré, c'est-à-dire sans appel d'offres, avec le groupe français Dassault, qui a déjà équipé une partie de sa force aérienne en Mirage 2000, l'achat de 60 Rafale.
Mais en cours de discussion, Abou Dhabi a laissé entendre qu'il pourrait acheter des avions américains, en particulier des F-16/60, dont il possède déjà 60 exemplaires.
Le Rafale, un avion omni-rôle qui équipe l'armée de l'air et la marine française, n'a jamais décroché un contrat à l'exportation et les Emirats Arabes Unis apparaissent comme son marché le plus prometteur.
Le Rafale comme l'Eurofighter peuvent faire valoir leur expérience au combat en Afghanistan mais surtout en Libye.
Ce sont des Rafale qui ont ouvert les hostilités contre les forces du colonel Mouammar Kadhafi le 19 mars. Au total, ils ont mené 2.000 sorties pendant le conflit, selon l'état-major français.
Les Eurofighter, construits par un consortium international (Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne) et conçus à l'origine comme des chasseurs, ont mené en Libye leurs premières missions d'attaque au sol, en tandem avec les Tornado de l'armée britannique.
Les deux avions doivent faire des démonstrations au salon aéronautique de Dubaï, qui se tient jusqu'à jeudi. Et l'armée de l'air britannique doit exposer lundi au public du salon les performances de l'Eurofighter en Libye.
Les deux appareils sont aussi en compétition en Inde, où leurs offres commerciales pour 126 avions de combat sont actuellement à l'examen. Ils cherchent également à remporter un contrat de 22 appareils en Suisse, où le Gripen du groupe suédois Saab est également dans la course.
Le Rafale cherche aussi à s'imposer au Brésil, contre le Gripen et le F/A-18 SuperHornet de Boeing.
L'Eurofighter est un consortium formé par les Britanniques de BAE Systems, les Italiens de Finmeccanica, les Allemands et les Espagnols au sein du groupe d'aéronautique et de défense EADS. Il a également été vendu à l'Arabie saoudite et à l'Autriche.