L'année 2013 s'annonce ardue pour l'économie française, au bord de la récession, avec une baisse significative attendue des investissements des industriels au moment où les prélèvements fiscaux s'alourdissent.
La Banque de France a annoncé vendredi tabler sur une baisse de 0,1% de l'activité économique au quatrième trimestre après un recul équivalent estimé pour le troisième trimestre, précédé, lui, de trois trimestres consécutifs de stagnation.
Si ces estimations étaient confirmées par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), il s'agirait d'un premier épisode de récession depuis que la France est sortie de la crise au printemps 2009.
Une récession est techniquement définie comme au moins deux trimestres consécutifs de contraction du Produit intérieur brut (PIB).
De telles prévisions annoncent un départ sans élan pour l'année 2013, pour laquelle le gouvernement a maintenu sa prévision de croissance de 0,8%, jugée optimiste par les économistes et par la Commission européenne qui vient de publier une prévision, révisée en baisse, de 0,4%.
Les industriels, après avoir révisé nettement en baisse leurs prévisions d'investissements pour 2012, anticipent désormais une baisse de 2% de leurs dépenses d'équipements pour l'année prochaine, a annoncé vendredi l'Insee.
"C'est ce qui m'inquiète le plus", commente à ce sujet Michel Martinez, économiste en chef pour la France de Société Générale. "La politique budgétaire du gouvernement pour 2013 cible en priorité les entreprises en termes relatifs et la hausse des prélèvements va être très très considérable", dit-il.
M. Martinez a fait ses propres calculs et pour lui "la hausse cumulée des prélèvements sur les entreprises entre 2012 et 2013 représente 8% de l'ensemble des dividendes et des dépenses d'investissement et 6% du profit avant impôt".
croissance de 0,8% "hors d'atteinte"
Et 2% de recul des investissements industriels en 2013 "ce n'est que la première estimation et, dans mon esprit, dans quelques trimestres, on sera plutôt autour de -8% que de -2%", affirme-t-il. "Tout simplement parce qu'on a des prélèvements qui vont diminuer ce qui est disponible pour verser des dividendes aux actionnaires ou pour financer l'investissement", explique-t-il.
"Le budget 2013 qui est très récessif va frapper une économie qui est en légère récession: c'est ça la grande inconnue", renchérit Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès.
"Cela veut dire qu'il faut vraiment que la demande extérieure s'améliore sinon on va avoir pour le coup une récession non pas sur deux trimestres mais sur quatre trimestres en 2013", poursuit-il. "Les choses commencent à se stabiliser dans les pays du sud et au Royaume-Uni, on a un rebond, c'est donc possible mais on part de bas", souligne-t-il.
Les deux économistes prévoient une loi de finance rectificative pour parvenir à l'objectif gouvernemental d'un déficit public réduit à 3% du PIB fin 2013 avec une croissance plus faible que prévu.
"Je pense que le gouvernement devra conduire un collectif budgétaire avant la fin de l'hiver, une fois qu'on se sera rendu compte que l'objectif de 0,8% de croissance est hors d'atteinte", résume M. Martinez.
Pour M. Bouzou "les mesures proposées cette semaine" pour relancer la compétitivité de la France "seront avancées dans une loi de finance rectificative" si l'objectif des 3% semble inaccessible.
Concernant la fin 2012, M. Martinez n'estime pas que l'activité a reculé au troisième trimestre et prévoit qu'une hausse de 0,2% sera publiée le 15 novembre par l'Insee.
Selon lui, la "baisse de la production industrielle en septembre n'est pas suffisante pour compenser les bons chiffres en juillet et août". La production industrielle a baissé de 2,7% en septembre par rapport au mois précédent, après un rebond de 1,9% en août, a annoncé vendredi l'Insee.