Le président de General Motors Europe et patron de la filiale allemande Opel a brutalement démissionné jeudi de ces deux fonctions dans un contexte de pertes persistantes du géant américain de l'automobile sur le Vieux Continent.
Karl-Friedrich Stracke doit désormais assurer des "missions spéciales" pour GM, a ajouté dans un communiqué Opel, sans préciser lesquelles.
"La recherche d'un successeur (permanent) pour Karl-Friedrich Stracke a débuté", a ajouté Opel.
Dans l'intérim, il sera remplacé par le vice-président de GM et président du conseil de surveillance d'Opel, Stephen Girsky.
Un porte-parole de GM, sans donner de détails sur les raisons du départ de M. Stracke, a indiqué qu'il y avait peu de chances que M. Girsky soit candidat à la direction permanente de GM Europe.
En revanche, M. Girsky est peut-être en train de faire ses armes pour prétendre au poste de PDG du groupe quand l'actuel patron Dan Akerson quittera ses fonctions, selon une analyste du secteur.
"Steve Girsky semble se préparer à prendre la tête de GM pour quand ce poste sera disponible à nouveau. Redresser les activités de GM en Europe serait un énorme pas dans cette direction", a commenté Michelle Krebs, analyste d'Edmunds.com.
Pour elle, le départ de M. Stracke "est un signe que les choses ne changent pas assez vite en Europe", où les pertes "plombent le groupe depuis très longtemps".
La part de marché du groupe en Europe ne cesse de fondre - atteignant 7,2% en mai contre 7,6% un an plus tôt -, à l'instar de ses ventes, en recul de 12,6% en mai sur douze mois.
M. Stracke, âgé de 56 ans, était à la tête d'Opel et de son pendant britannique Vauxhall depuis 2011, et de GM Europe depuis janvier 2012.
Fin juin, le conseil de surveillance avait validé les nouvelles orientations qu'il avait présentées et grâce auxquelles l'entreprise espère relever la tête. Elles sont basées sur la réduction des coûts, le repositionnement de la marque et le déploiement hors d'Europe.
"Je pars en sachant que Opel/Vauxhall est sur la bonne voie", a déclaré M. Stracke, cité dans le communiqué du groupe.
M. Stracke "a travaillé sans relâche, et sous forte pression, pour stabiliser les activités. Nous lui sommes reconnaissants de pouvoir continuer à construire sur ses succès", a pour sa part commenté Dan Akerson.
Ce départ "ne change rien au plan décidé pour l'avenir", a affirmé un porte-parole d'Opel interrogé par l'AFP.
Opel et son pendant britannique Vauxhall comptent notamment lancer 23 nouveaux modèles entre 2012 et 2016, réduire les coûts de matériel, de développement et de production, tout en renforçant leur présence hors d'Europe.
Côté social, alors que le français PSA Peugeot Citroën vient d'annoncer vouloir supprimer 8.000 postes en France, Opel a décidé de négocier avec les syndicats sur l'exclusion jusqu'à fin 2016 (contre 2014 aujourd'hui) de tout licenciement économique ou de fermeture d'usine en Allemagne, en échange du report d'une hausse des salaires qui devait intervenir en mai.
En 2010, le groupe avait adopté un plan de restructuration qui s'était traduit par la suppression de 8.000 emplois sur 48.000 en Europe et par la fermeture de l'usine d'Anvers (Belgique).
Alors que la crise s'aggrave en Europe, notamment dans l'automobile, les dirigeants de GM ont peut-être estimé que toutes ces mesures n'étaient pas encore suffisantes.
Au premier trimestre, GM avait vu son bénéfice divisé par trois à 1,0 milliard de dollars avec une perte de 256 millions de dollars en Europe.
L'action de GM reculait de 2,86% à 19,33 dollars jeudi à la mi-séance, et la contre-performance en Europe est l'un des facteurs qui mine le titre, qui évolue très en dessous de son prix d'introduction en Bourse de 33 dollars en novembre 2011.