Les Etats-Unis pourraient se retrouver confrontés à une récession encore plus grave que celle dont ils sortent à peine si le Congrès ne relève pas la limite légale à l'endettement du pays, a averti le président Barack Obama selon des propos diffusés dimanche.
L'endettement de l'Etat fédéral doit atteindre lundi le plafond de 14.294 milliards de dollars, au-delà duquel Washington ne peut accroître sa dette nette sans autorisation du Congrès. Mais la majorité républicaine de la Chambre des représentants refuse de relever ce plafond sans que l'administration Obama s'engage à réduire considérablement les dépenses.
Dans un entretien à la chaîne de télévision CBS, M. Obama a averti que la perspective d'un blocage au Congrès risquait de faire redouter aux marchés financiers que les Etats-Unis n'honorent pas leur dette.
"Cela pourrait défaire le système financier tout entier", a mis en garde le président, lors de cet entretien enregistré la semaine dernière.
"Nous pourrions subir une récession encore plus grave que celle que nous venons de traverser. Un crise financière mondiale plus grave. Nous ne pouvons donc même pas nous permettre de songer à ne pas relever le plafond de la dette", a-t-il plaidé.
M. Obama s'est engagé à également réduire le déficit des finances publiques, mais a récusé tout "lien" entre cette question et celle du relèvement du plafond de la dette.
Le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, interrogé en direct sur CBS, a assuré que son parti était prêt à un compromis immédiat sur le relèvement du plafond mais a insisté pour "répondre aux problèmes budgétaires à long terme" du pays.
"Nous arrivons à un moment tout trouvé pour agir. Car, si nous ne le faisons pas, les marchés le feront pour nous", a-t-il prévenu. "Je veux faire en sorte qu'il y ait de véritables réductions des dépenses et de vrais changements dans le processus budgétaire pour que ce genre de problème ne se reproduise pas", a-t-il ajouté.
Les républicains refusent l'idée du président Obama d'augmenter les impôts sur les plus hauts revenus afin de réduire le déficit budgétaire. L'administration quant à elle refuse de réduire les dépenses sur la protection médicale des pauvres et des personnes âgées, comme le suggèrent les républicains.
Pour le prix Nobel d'économie américain Paul Krugman, interrogé dimanche sur la chaîne ABC, si le plafond de la dette n'est pas relevé et que les Etats-Unis se retrouvent en situation de défaut sur une partie de leur dette, le pays "commencera à ressembler à une république bananière".
"Un bon du Trésor américain c'est l'étalon-or, à tel point que, au plus fort de la crise financière, il y a eu des intervalles pendant lesquels les bons du Trésor américains avaient des taux d'intérêt négatifs, parce que c'est" tout ce que les gens voulaient avoir en portefeuille, a-t-il ajouté.
"Alors si vous dites tout d'un coup, +oh (ces titres) ne sont pas sûrs parce que le gouvernement américain n'est qu'un tas d'enfants qui se chamaillent+, c'est une vraie catastrophe".
La présidente de l'autorité de garantie des dépôts bancaires (FDIC), Sheila Bair, s'est pour sa part dite, dans la même émission, "d'accord avec l'administration" Obama pour qualifier d'"irresponsable le fait même de laisser planer l'idée d'un défaut technique sur la dette publique" des Etats-Unis.