par Paul Sandle
(Reuters) - Burberry (LON:BRBY) a déclaré mardi qu'un Brexit sans accord lui coûterait plusieurs dizaines de millions de livres sterling en droits de douane et perturberait significativement les échanges de tissus et de produits finis entre ses fournisseurs, ses sites de fabrication et ses magasins.
Le Royaume-Uni doit quitter l'Union européenne dans 65 jours et la Première ministre britannique Theresa May n'ayant pas réussi à obtenir le soutien à l'accord négocié avec Bruxelles, les entreprises s'inquiètent de plus en plus de l'éventualité d'un Brexit chaotique.
"Nous prenons des mesures pour en atténuer les effets", a déclaré la directrice financière Julie Brown après que le groupe de luxe britannique a fait état d'une hausse de 1% de ses ventes à magasins constants au troisième trimestre de son exercice 2018-2019.
"Si nous étions dans un scénario d'absence d'accord, nous serions soumis aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et, en l'absence de toute mesure d'atténuation, nos coûts de douane augmenteraient considérablement, de plusieurs dizaines de millions de livres", a-t-elle dit à la presse.
La chaîne d'approvisionnement connaîtrait des perturbations encore plus significatives, a-t-elle poursuivi, parce que Burberry a besoin de transférer rapidement des matières, des échantillons et des produits finis rapidement entre la Grande-Bretagne et l'Europe continentale.
Burberry fabrique ses célèbres trench-coats dans le Yorkshire, dans le nord de l'Angleterre, et se fournit en d'autres produits, tels que des costumes de fabrication italienne, en Europe continentale.
"Nous nous assurerions d'allouer des stocks supplémentaires dans les zones concernées afin de ne pas pénaliser les clients, mais cela aurait clairement un impact sur la société, car nous devrons gérer des stocks plus importants", a-t-elle ajouté.
NOUVELLE COLLECTION
Burberry se prépare à l'arrivée dans ses magasins, le mois prochain, de la première collection de son nouveau directeur artistique Riccardo Tisci.
Burberry avait dit en novembre avoir reçu une "réponse exceptionnelle" à sa première collection, présentée en septembre.
Le directeur général, Marco Gobbetti, s'est dit satisfait des progrès réalisés dans le cadre de son plan de relance de la marque, axé sur l'arrivée d'articles de plus en plus nombreux de Riccardo Tisci au cours des prochains trimestres.
L'action Burberry, qui avait reculé dans les premiers échanges à la Bourse de Londres après l'annonce d'une croissance des ventes inférieure à celle de 2% attendue par les analystes, s'est ensuite retournée à la hausse. Elle gagnait 1,38% à 1.800,5 pence vers 12h20 GMT, signant l'une des plus fortes hausses du Footsie, qui reculait pour sa part de 0,23%.
Les analystes de Citi, qui sont à "neutre" sur le titre, ont déclaré que la croissance était toujours bien en deçà de celle, attendue, ce trimestre, pour ses concurrents comme Gucci, Saint-Laurent, Balenciaga ou encore Moncler (MI:MONC).
"Si nous apprécions l'accent mis sur de nouveaux produits, le concept de magasin rafraîchi, la remise en ordre de la distribution en gros, l'accent mis sur l'amélioration de la productivité des ventes, le commerce électronique et le contrôle des coûts, le jury s'interroge toujours sur le calendrier et l'ampleur du redressement de la marque", soulignent-ils.
Les ventes en Chine continentale ont progressé d'environ 5%, a noté Julie Brown, ajoutant que les dépenses des touristes en Europe avaient légèrement augmenté malgré les perturbations causées par les manifestations des "Gilets jaunes" à Paris.
Le groupe britannique a confirmé pour l'ensemble de l'exercice sa prévision d'une stabilité aussi bien des ventes que de la marge opérationnelle ajustée à taux de change constants.
(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)