Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a tenté mercredi de relativiser la découverte d'une erreur comptable de 55 milliards d'euros dans le calcul de la dette allemande, en la qualifiant de "malentendu".
Cette erreur repose sur "un malentendu" comptable entre la banque nationalisée HRE et sa "bad bank", structure qui gère ses actifs toxiques, a-t-il dit, en assurant "qu'à aucun moment le patrimoine de l'Etat allemand n'avait couru un risque".
HRE ou "Hypo Real Estate", que l'Allemagne a dû privatiser en 2008 pour éviter une faillite désastreuse pour toute l'Europe, continue toutefois à assurer la comptabilité de cette bad bank, a rappelé le ministre.
"La coopération entre les deux maisons peut et doit s'améliorer", a estimé M. Schäuble, alors que les deux établissements se rejettent la responsabilité de la bourde à la face.
Le ministère des Finances avait reconnu il y a quelques jours que, suite à cette erreur comptable, la dette allemande était de 55 milliards d'euros inférieure aux chiffres publiés jusqu'ici.
Cet aveu a lancé un débat sur les processus chez HRE, le rôle des auditeurs et la qualité des services du ministère lui-même, dont HRE et ses filiales dépendent directement.
Un autre débat s'y est greffé en début de semaine sur la date à laquelle M. Schäuble et ses services ont été mis au courant, et le temps qu'ils ont mis à informer le public. Le ministre a reconnu que cette affaire avait donné lieu à "un problème de communication" mais estimé qu'il était dorénavant "résolu".
Il a assuré n'avoir pas l'intention de punir la direction de HRE pour cette énorme bévue, en citant un vers du poète allemand Friedrich Schiller sur la vengeance et en ajoutant: "Ce n'est pas ma façon de voir".
"Il faut apprendre de ses erreurs", a dit M. Schäuble, en affirmant vouloir "faire la lumière sur le problème" pour identifier les maillons faibles le long de la chaîne d'information. Il a déclaré attendre sous deux semaines les premiers résultats de l'examen approfondi en cours à cet effet, et indiqué que la Bundesbank, la très respectée banque centrale allemande, aurait son mot à dire sur ce qui s'est passé.
La controverse tarde toutefois à retomber en Allemagne, où les révélations se suivent. Selon l'hebdomadaire Die Zeit à paraître jeudi, il apparaît que HRE, au lieu d'assurer elle-même la comptabilité de la "bad bank", aurait sous-traité certaines tâches à une société privée tierce.