Les marchés espagnols ont cédé à la panique jeudi, dans le sillage des autres places européennes, les paroles floues de la Banque centrale européenne relançant les inquiétudes et annulant le court répit apporté par une émission obligataire réussie.
Signe de nouvel accès de fièvre, le Trésor a annulé, en fin d'après-midi, la prochaine émission du 18 août, alors même que la veille le gouvernement avait rejeté cette possibilité.
Un porte-parole du ministère de l'Economie a lui assuré qu'"il ne s'agit pas d'une annulation" mais que "depuis 2009 nous avons décidé de ne pas organiser la (deuxième) émission d'août parce qu'elle ne valait pas la peine".
Le matin, le pays avait pourtant semblé franchir correctement ce qui était considéré comme "l'épreuve du feu" par les marchés, au moment où ce pays et l'Italie sont pénalisés par un vaste mouvement de défiance des investisseurs.
Son émission obligataire avait attiré une forte demande, 7,4 milliards d'euros, le double de l'objectif fixé (2,5 à 3,5 milliards). Au final, Madrid a levé 3,311 milliards.
Certes le pays a pâti de la tension sur les marchés, devant accorder à ses créanciers des taux d'intérêt en forte hausse par rapport aux dernières émissions similaires, à 4,813% pour ses bons à trois ans (contre 4,037%) et 4,984% pour ceux à quatre ans (contre 2,862%).
Cette augmentation, qui signifie un coût de financement plus élevé pour l'Espagne, était attendue.
Le Trésor espagnol avait pris les devants pour garantir que cela se passe bien: selon le journal El Mundo, il avait noué un accord avec 22 entités financières, chacune s'engageant à acheter 3% de l'émission.
Au total, les deux tiers de l'objectif visé par l'Etat, soit 2,3 milliards d'euros, étaient donc assurés de trouver preneur.
"La participation des investisseurs étrangers aux émissions (espagnoles) est moindre que l'an dernier, donc la présence d'investisseurs nationaux est vraiment nécessaire pour garantir le succès", commente Montserrat Formoso, de la maison de courtage Tressis.
D'autant que "le fait que l'émission se passe bien est fondamental, car c'est un thermomètre pour la situation actuelle".
La ministre de l'Economie Elena Salgado a toutefois insisté sur l'intérêt étranger pour cette émission, affirmant sur la radio Cadena Ser que "plus de 60% de la demande est venue d'au-delà de nos frontières".
Selon certains analystes, la Chine continue d'acheter.
"Je crois que c'est un excellent signal (qui montre) jusqu'à quel point la dette souveraine espagnole reste bien valorisée par les marchés", a-t-elle estimé.
"Oui, nous arrivons à nous financer, mais après le coût est très élevé", note l'analyste Ivan San Felix, de Renta4.
Car pour les investisseurs, prêter de l'argent à l'Espagne est aussi une opération intéressante, ce pays remboursant avec des taux d'intérêt élevés, ce qui renforce l'idée, partagée par plusieurs analystes, que les tensions du marché sont aussi dues à un mouvement spéculatif.
Mais après la détente générée par l'émission dans la matinée, les déclarations, en début d'après-midi, du gouverneur Jean-Claude Trichet, qui a laissé entendre que l'institution avait repris ou était sur le point de reprendre ses achats d'obligations de pays de la zone euro, ont à nouveau affolé les marchés: la Bourse madrilène a ainsi chuté de 3,89%.
De même, la prime de risque, différentiel de rendement entre les obligations espagnoles et allemandes à 10 ans, a rebondi à 399 points à 15H48 GMT, proche du record historique atteint la veille (407).
"Il a donné un message très ambigu selon moi" et "ce qui n'a pas été clair est de savoir s'il va ou non acheter des obligations des pays qui sont dans la ligne de mire, comme l'Espagne ou l'Italie", a commenté à l'AFP Nuria Garcia, analyste chez Ahorro Corporacion.
Et s'il le fait, "il ne le fera pas de manière suffisamment forte pour freiner la situation", a-t-elle estimé.
"La BCE a lancé un processus d'achat d'obligations", a indiqué Miguel Angel Rodriguez, analyste chez XTB, un courtier en ligne, soulignant également les tensions entre la BCE et les gouvernements.
Selon lui, la banque européenne a acheté "des obligations irlandaises et portugaises", mais l'achat de titres espagnols et italiens n'était toujours pas confirmé en début de soirée.
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quotes:
No se trata de una cancelacion
desde 2009 se decidio se no organizar la (segunda) emision de agosto porque no merecia la pena".