La Pologne ne pourra pas adopter l'euro avant plusieurs années, l'adoption de la monnaie européenne nécessitant un amendement à la Constitution, a réaffirmé samedi le Premier ministre libéral Donald Tusk dans une interview au journal Gazeta Wyborcza.
"Nous n'entrerons pas dans la zone euro sans modifier la Constitution", a déclaré M. Tusk, rappelant l'obstacle formel qui bloque, selon constitutionnalistes, l'adoption de l'euro en Pologne.
"Or nous ne disposons pas de majorité requise pour cela ni actuellement, ni dans le futur parlement", élu pour quatre ans, a-t-il ajouté.
Une majorité de deux tiers est requise pour changer la Constitution, selon laquelle, seule la banque centrale de Pologne (NBP) peut décider de l'émission de la monnaie en Pologne. Or après l'adoption de l'euro, ce rôle reviendrait à la Banque centrale européenne (BCE).
A deux ans et demi des prochaines élections selon le calendrier normal, la cote des libéraux ne cesse de tomber au profit du parti conservateur et nationaliste de Jaroslaw Kaczynski (PiS, opposition).
Selon un dernier sondage réalisé par l'institut TNS en mai, 28% des Polonais voteraient pour le PiS, contre 25% qui préfèrent la Plateforme civique (PO)de Donald Tusk.
Tusk a souligné que "l'adoption de l'euro restait un objectif" pour la Pologne, bien que pas dans un avenir proche.
"La Pologne a une très bonne réputation et jouit d'une grande confiance de la part de Bruxelles", a souligné Tusk. "Quand on dit que l'euro est notre objectif mais que la perspective se prolonge, nos partenaires européens nous font confiance", a-t-il souligné.
Aucune date n'est fixée pour l'instant pour l'adoption de l'euro. Selon le ministre polonais des Finances, Jacek Rostowski les préparatifs à l'euro pourraient prendre "plus que quelques années".
La Pologne avec ses 38 millions d'habitants, de loin la plus grande économie parmi les anciens pays communistes devenus membres de l'UE, est la seule parmi les 28 à avoir conservé la croissance tout au long de la crise surgie en 2008.
Pour ne pas être écartée des décisions du noyau dur que représentent de plus en plus les 17 membres de la zone euro, Varsovie vient d'adhérer au pacte budgétaire européen, espérant éviter ainsi une marginalisation.