Bob Diamond, ex-directeur général de la banque britannique Barclays, qui a démissionné à cause du scandale sur des manipulations de taux interbancaires, a admis mercredi des "erreurs" et des "comportements répréhensibles" au sein de son groupe.
"Il y a eu clairement des erreurs, clairement il y a eu des comportements répréhensibles", a déclaré M. Diamond à Londres devant la commission du Trésor de la Chambre des communes, s'inquiétant du coup porté à l'image de Barclays à cause d'un "groupe de traders au comportement répréhensible".
"Je me suis senti physiquement mal" en lisant les courriers électroniques des traders à l'origine des manipulations des taux Libor et Euribor, a indiqué M. Diamond lors de cette audition qui a duré près de trois heures. "Je suis désolé, je suis déçu et je suis également en colère car il n'y a pas d'excuse pour ces comportements."
Selon lui, quatorze traders de Barclays ont pris part à ces actions. Le rapport de l'Autorité britannique des services financiers (FSA) stipule qu'"au moins 14 traders de Barclays" sont impliqués.
L'ancien patron de la banque, qui a quitté ses fonctions mardi, a précisé que le cas d'un certain nombre de superviseurs avait déjà été traité, sans autre détail, relevant que des "enquêtes pénales étaient en cours" à sa connaissance.
"Je ne me considère pas coupable personnellement mais j'éprouve un immense sentiment de responsabilité, et je trouve absolument nécessaire que lorsque l'on découvre des erreurs, on les admette, on soit ouvert à leur propos", a-t-il déclaré.
La semaine dernière, Barclays a révélé qu'elle allait payer l'équivalent de 290 millions de livres (environ 360 millions d'euros) pour mettre fin aux enquêtes des régulateurs britannique et américain dans cette affaire de manipulation des taux interbancaires. Dans la foulée, M. Diamond a renoncé à son bonus pour l'année 2011.
Lundi matin, le président du conseil d'administration de la banque Marcus Agius a démissionné pour tenter d'apaiser la tempête et de sauver le directeur général. Mais le lendemain, la banque annonçait le départ de M. Diamond avec effet immédiat, puis quelques heures plus tard celui du directeur des opérations Jerry del Missier.
En ce qui concerne sa démission, M. Diamond a expliqué qu'il était déterminé pendant le week-end à rester à son poste. Mais "il m'est apparu clairement lundi que le soutien n'était pas aussi fort et que je devais franchir le pas", a-t-il dit mercredi.
Il a estimé que la banque et lui-même étaient les victimes d'une "malencontreuse série d'événéments au cours de la semaine passée autour de Barclays, qui a été la première à être identifiée dans un rapport qui montre clairement de très, très mauvais comportements de groupes de personnes".
Il a affirmé que la direction de la banque a géré le problème "de manière appropriée" dès qu'elle en a eu connaissance, soulignant que les autorités réglementaires avaient salué la coopération de la banque pendant l'enquête.
Cette coopération lui a permis de réduire de 30% l'amende infligée par l'Autorité britannique des services financiers (FSA). Elle atteint néanmoins le montant record de 59,5 millions de livres.
M. Diamond est également revenu sur sa conversation par téléphone en octobre 2008 avec l'un des vice-gouverneurs de la Banque d'Angleterre, Paul Tucker. Un "malentendu" dans la lecture du mémo sur cette conversation, selon M. Agius, a conduit M. del Missier à donner instruction aux traders d'abaisser les taux du Libor.
"Whitehall (terme générique pour évoquer les ministères, ndlr) avait été informé que Barclays avait le Libor le plus élevé. Ils pouvaient penser que nous ne pouvions pas nous financer et qu'il fallait nationaliser la banque", a indiqué M. Diamond pour justifier la teneur de la conversation avec M. Tucker.
"Je n'avais pas conscience que Jerry (del Missier) avait mal interprété ou mal compris" cette conversation, a-t-il dit, précisant n'avoir été informé de cette manipulation des taux à la baisse que ce mois-ci, "quatre à cinq jours" avant que cela ne soit révélé par les autorités réglementaires.