Les grands argentiers du G20 se retrouvent jeudi et vendredi à Washington pour affûter leurs armes face aux déséquilibres de l'économie mondiale, confrontée à de nouveaux défis liés aux révoltes du monde arabe et à la catastrophe qui a frappé le Japon.
La réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales des principaux pays riches et émergents, en marge des assemblées de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, débutera jeudi soir par une analyse de la conjoncture.
Le diagnostic pourrait rejoindre celui établi par le FMI, globalement optimiste malgré la récente flambée du prix du pétrole.
"L'économie mondiale connaît des défis nouveaux, avec les tensions au Moyen-Orient et le séisme au Japon", explique le membre d'une délégation. "Mais la reprise semble s'asseoir sur des facteurs qui devraient permettre de résister à ces chocs", ajoute-t-il.
Le G7, forum des pays les plus industrialisés qui s'était penché au chevet du yen juste après le séisme japonais du 11 mars, se réunira avant le G20. Et, en marge de cette rencontre, une "séquence" pourrait être consacrée aux bouleversements du monde arabe.
Pour que la croissance mondiale soit "forte, équilibrée et durable", selon les maîtres-mots du G20, les grands argentiers vont reprendre leur chantier contre les déséquilibres.
Après avoir adopté en février à Paris, au prix d'un compromis arraché in extremis à la Chine, une liste d'indicateurs pour mesurer les déséquilibres internes (déficit, endettement, épargne) et externes (balance des transactions courantes), les ministres doivent établir les seuils à partir desquels les voyants passent au rouge.
Mais le G20 a renoncé à fixer des limites chiffrées universelles.
Selon un mécanisme "qui peut apparaître complexe et technocratique", de l'aveu même d'un négociateur, des "lignes directrices" adaptées à chaque pays, analysées en prenant en compte ses particularités, vont permettre de dire quels Etats présentent des déséquilibres tels qu'ils méritent un examen plus approfondi.
Les ministres doivent s'accorder à Washington sur ces "lignes directrices" ainsi que sur la liste des pays soumis à ce diagnostic approfondi qui débouchera, au sommet du G20 de Cannes en novembre, sur des recommandations de politique économique visant à résorber les déséquilibres.
Les Etats-Unis, l'Allemagne, la Chine et le Japon sont d'ores et déjà assurés d'en être, selon une source proche des négociations, mais d'autres pourraient aussi figurer sur la liste.
Pour plusieurs observateurs, ce processus est une manière détournée pour amener, in fine, la Chine à modifier son modèle économique et à soutenir davantage sa demande intérieure.
Les autres grandes puissances, Etats-Unis en tête, accusent en effet Pékin de maintenir sa monnaie dans une sous-évaluation artificielle pour doper ses exportations et accumuler des excédents, ce qui handicape mécaniquement ses partenaires commerciaux.
La question des changes et de la réforme du système monétaire international sera aussi abordée.
La France plaide pour l'élaboration d'un calendrier pour l'intégration de la monnaie chinoise dans le panier de devises qui composent l'actif monétaire du FMI, les droits de tirage spéciaux (DTS), au même titre que le dollar, l'euro, le yen et la livre.
Les pays du G20 vont analyser les récentes recommandations du FMI pour la gestion des flux de capitaux, qui pourraient alimenter un "code de conduite" souhaité par Paris.
Mais sur ce sujet comme sur les autres priorités de la présidence française du G20, il s'agira avant de faire un point d'étape. D'autant que les discussions sont encore parfois animées, comme sur la régulation des marchés financiers liés aux matières premières.