WASHINGTON (Reuters) - Ben Bernanke estime que trop peu de dirigeants d'entreprise ont fait l'objet de poursuites judiciaires après la crise financière de 2008.
Dan un entretien au quotidien USA Today, l'ancien président de la Réserve fédérale américaine, dont les mémoires sont publiés cette semaine, dit que le département de la Justice et d'autres agences judiciaires américaines ont à l'époque concentré leurs enquêtes et leurs poursuites sur les entreprises financières.
"J'aurais préféré qu'il y ait plus d'enquêtes sur les actions individuelles, parce qu'à l'évidence tout ce qui a mal tourné ou était illégal a été fait par des individus, pas par des entreprises dans l'abstrait", dit-il.
Ben Bernanke, qui était à la tête de la Fed pendant la crise financière, ajoute qu'il ne lui revient pas de décider de poursuites contre tel ou tel individu soulignant que "la Fed n'est pas un organisme chargé de l'application de la loi."
"Le département de la Justice et d'autres sont chargés de cela et une grande partie de leurs efforts ont consisté à inculper ou à menacer d'inculper des entreprises financières", poursuit-il. "Maintenant, une entreprise financière est évidemment une fiction juridique, ce n'est pas une personne. On ne peut pas emprisonner une entreprise financière."
Ben Bernanke, qui a quitté la Fed en janvier 2014 après l'avoir présidée pendant huit ans, estime à propos de la crise financière que "sans stabilisation du système financier, il y aurait eu un assez grand risque de basculement dans une dépression du type de celle des années 30."
Selon lui, il a fallu beaucoup de temps aux observateurs pour prendre la mesure de la gravité de la crise et il s'est reproché de ne pas avoir fait plus pour expliquer à l'opinion que le sauvetage des entreprises financières avait relevé de l'intérêt général.
(Peter Cooney, Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)