PARIS (Reuters) - A la veille de l'échéance pour le dépôt des offres, vendredi, pour la reprise des chantiers navals de Saint-Nazaire, propriété à 66% du coréen STX, la France a rappelé à Séoul qu'elle s'opposerait à une solution contraire à ses intérêts.
Un tribunal sud-coréen a décidé en octobre que STX, en redressement judiciaire, pourrait être vendu en bloc ou en deux entités, en vendant à part STX France.
"J'ai eu hier au téléphone le ministre coréen de l'Industrie, j'ai reçu l'ambassadeur de Corée en France", a dit jeudi à Reuters le secrétaire d'Etat à l'Industrie, Christophe Sirugue, en marge d'un colloque sur l'industrie du futur.
"J'ai voulu les alerter sur des éléments dont ils disposaient déjà, c'est-à-dire à la fois le fait que nous avons deux outils d'intervention et que s'il devait y avoir des offres qui ne soient pas dans l'esprit industriel qui est le nôtre, nous n'hésiterions pas à les utiliser", a-t-il ajouté.
Ces deux moyens dont dispose Paris sont la minorité de blocage d'un tiers détenue par l'Etat dans STX France et le classement de ces chantiers dans les industries stratégiques.
Les carnets de commandes des chantiers de Saint-Nazaire sont pleins et les syndicats, comme les élus locaux, redoutent que la reprise de STX France par un groupe étranger n'ouvre la porte à une main-mise chinoise sur cette activité florissante.
L'Etat a fait savoir par le ministère de l'Economie et des Finances qu'il n'envisageait pas de devenir majoritaire dans STX France mais comptait peser sur le choix du repreneur.
Christophe Sirugue a aussi vu les repreneurs européens potentiels des chantiers de Saint-Nazaire, l'italien Fincantieri et un consortium conduit par le néerlandais Damen.
"C'est la justice coréenne qui va trancher. Elle va trancher notamment sur le montant de l'offre", a expliqué Christophe Sirugue. "Je dis simplement à ceux qui déposent des offres, attention à ça, c'est un élément qui sera déterminant."
Que la justice coréenne retienne l'offre de Fincantieri ou celle de Damen, le constructeur naval militaire français DCNS, dont l'Etat français est actionnaire à 62%, fera partie du montage, a ajouté le secrétaire d'Etat à l'Industrie.
"A priori, DCNS serait avec l'un ou avec l'autre quelle que soit la formule", a-t-il dit. "J'ai entendu le président (de DCNS Hervé) Guillou dire qu'il serait dans les deux montages."
En tout état de cause, le gouvernement français souhaite une reprise rapide, a souligné le secrétaire d'Etat à l'Industrie.
"J'ai demandé aux autorités coréennes qu'elles me disent très vite quels sont les dossiers déposés", a-t-il ajouté.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)