Mis en cause par le gouvernement après les violences jeudi, les syndicats condamnent les casseurs mais restent mobilisés contre la loi travail.
Deux rendez-vous sont programmés: le traditionnel 1er mai dimanche, et le début de l'examen du projet à l'Assemblée nationale mardi.
Après deux mois de contestation contre la loi travail, "la mobilisation est désormais ancrée dans le pays", assure la CGT. "La mobilisation ne s'essouffle pas", affirme de son côté Jean-Claude Mailly, numéro un de FO.
Toutefois, de nouvelles violences ont émaillé la journée de jeudi, avec des blessés graves au sein des forces de l'ordre et des manifestants et plus d'une centaine d'interpellations.
Côté gouvernement, les critiques ne se sont pas fait attendre, le Premier ministre Manuel Valls et Bernard Cazeneuve (Intérieur) reprochant aux organisations syndicales de ne pas condamner suffisamment les violences.
En ligne de mire, la récente affiche d'un syndicat de la CGT, condamnée par le gouvernement mais aussi par FO, affirmant que "la police doit protéger les citoyens et non les frapper".
"Ceux qui ont diffusé sur la police des affiches et des propos qui contribuaient à tendre (les relations avec les manifestants) n'ont pas témoigné d'un grand esprit de responsabilité", a estimé M. Cazeneuve.
"Ces violences, nous les avons toujours condamnées", a rétorqué Jean-Claude Mailly, faisant valoir qu'elles éclataient "en dehors des manifs, à côté des manifs".
Côté étudiants, le président de l'Unef William Martinet a estimé que les organisateurs des manifestations devaient "faire plus" pour sécuriser les cortèges et "mieux préparer les prochaines manifestations".
Mais il a aussi incriminé l'attitude des forces de l'ordre: "Manifester est un droit, ça ne doit pas être une prise de risque à cause d'un usage disproportionné de la force par la police".
Jeudi était la quatrième journée d'action lancée par la CGT, FO, la FSU, Solidaires, l'Unef, la Fidl et l'UNL. Elle a mobilisé 170.000 personnes selon les autorités, 500.000 selon les syndicats. La participation a été légèrement supérieure à celle de la précédente journée de mobilisation, le 9 avril, mais beaucoup moins que le 31 mars, où la police avait compté 390.000 personnes et les organisateurs 1,2 million.
- FO et CGT ensemble le 1er mai -
Les syndicats ont déjà le regard tourné vers la suite de la contestation contre la loi travail, à commencer par le 1er mai qui verra Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT et M. Mailly défiler ensemble à Paris, une première depuis 2009.
Au-delà des défilés et cortèges, l'idée d'une grève reconductible "est dans l'air" selon Solidaires, mais le refus du projet de loi travail a jusqu'à présent entraîné peu d'arrêts de travail.
"C'est bien de crier ici +grève générale+, mais c'est dans les entreprises que les salariés doivent se mettre en grève, et ça c'est plus compliqué", a admis Philippe Martinez jeudi soir place de la République devant Nuit debout.
Pour ses détracteurs, ce texte introduit de la précarité pour les salariés et est trop favorable aux employeurs, en leur donnant par exemple plus de latitude en matière d'aménagement du temps de travail.
Le 3 mai, les sept organisations syndicales se rassembleront aux alentours de l'Assemblée nationale pour appeler les parlementaires à "rejeter" le texte, même s'il a déjà été sensiblement modifié, notamment avec le retrait du plafond des indemnités prud'homales. Mais il reste une "ligne rouge" pour les syndicats : la possibilité de laisser un accord d'entreprise primer sur un accord de branche.
Le rapporteur PS Christophe Sirugue est toutefois confiant. "Je pense qu'on est en mesure d'avoir une majorité, sous réserve des évolutions encore possibles au cours des débats", a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec la presse.
Le gouvernement doit aussi compter avec le patronat, qui réclame de "profondément modifier" le texte. Mais il a le soutien des syndicats dits "réformistes", comme la CFDT, qui y voit une réforme "potentiellement porteuse de progrès".