PARIS (Reuters) - Moody's a maintenu vendredi la note de crédit Aa1 de la France, qui reste néanmoins assortie d'une perspective négative en raison de la faiblesse de la croissance et de l'ampleur des déficits.
La décision de l'agence de notation constitue une relative surprise car de nombreux investisseurs s'attendaient à une dégradation d'au moins un échelon de la note souveraine française.
Le ministre des Finances, Michel Sapin, a pris acte de cette décision qui, pour lui, "réaffirme la qualité de la signature de l'Etat français" et "reflète la cohérence de notre stratégie économique".
Moody's justifie sa décision en expliquant que, bien que soumise à des pressions défavorables, la France conserve des avantages importants, parmi lesquels "des taux de financement très bas, qui traduisent un socle d'investisseurs solide et diversifié et un contexte de rendements bas très favorable, qui ne devrait se dissiper que très progressivement au fil du temps".
L'agence ajoute avoir également pris en compte "l'engagement renouvelé du gouvernement à accélérer le rythme des réformes structurelles".
Elle estime que "les niveaux de popularité historiquement faibles du gouvernement reflètent les pressions auxquelles il est soumis" mais note que "le récent vote de confiance parlementaire a réaffirmé son mandat législatif pour mettre en oeuvre une série de réformes susceptibles de favoriser la croissance."
Pour Moody's, le maintien de la perspective négative traduit entre autres les risques de voir la situation économique et budgétaire de la France continuer de décliner pour tomber à un niveau incompatible avec le maintien de la note Aa1.
Ses analystes prévoient une croissance de 0,4% seulement cette année et 0,9% en 2015, avant une accélération qui la porterait à 1,4% d'ici 2018. Ils jugent que le déclin continu de la croissance française depuis la crise financière "reflète en partie une perte progressive de compétitivité".
Moody's avait retiré à la France sa note Aaa le 19 novembre 2012. Standard and Poor's a quant à elle baissé la note de la France une première fois en janvier 2012 et une deuxième fois en novembre 2013, à AA, tout en l'assortissant d'une perspective stable.
Le gouvernement français avait démenti jeudi une information du quotidien L'Opinion selon laquelle Moody's l'avait informé de son intention de dégrader la note souveraine de la France.
Michel Sapin a demandé vendredi à l'Autorité des marchés financiers d'ouvrir une enquête "les fausses allégations" du journal.
(Marc Angrand et Marc Joanny)