L'économie espagnole n'a enregistré en 2011 qu'une faible croissance, de 0,7%, retombant dans le rouge au dernier trimestre, ce qui préfigure un prochain retour à la récession, selon les chiffres officiels provisoires publiés lundi.
Au quatrième trimestre, le PIB a reculé de 0,3% par rapport au trimestre précédent: c'est la première fois depuis le quatrième trimestre 2009 que l'économie espagnole accuse un repli d'un trimestre à l'autre.
Un second trimestre dans le rouge marquerait l'entrée du pays en récession, comme le prévoient à la fois la Banque d'Espagne et le Fonds monétaire international (FMI).
Ce résultat confirme un bilan morose pour l'économie espagnole en 2011, également marqué par un taux de chômage record de 22,85% à la fin décembre.
L'activité économique a souffert au dernier trimestre "d'une contribution plus négative de la demande nationale, compensée en partie par l'apport positif du secteur extérieur qui a augmenté par rapport au trimestre précédent", souligne l'Institut National de la Statistique (INE) dans un communiqué.
Les chiffres définitifs seront publiés le 16 février.
L'Espagne, privée dès 2008 de son moteur, la construction, au moment même où éclatait la crise internationale, oscille depuis entre récession et croissance atone, tandis que le nombre de sans-emploi monte régulièrement.
Le panorama pourrait s'assombrir encore en 2012: la banque centrale table sur une chute de l'activité de 1,5% et un chômage à 23,4%, n'espérant qu'une "modeste reprise" en 2013 avec une croissance de 0,2% et un chômage à peine plus faible (23,3%).
Dans ce cadre, l'objectif officiel de ramener le déficit à 4,4% du PIB fin 2012 paraît presque inaccessible pour nombre d'économistes, alors que le pays a avoué avoir dépassé de deux points les 6% visés pour 2011.
L'agence de notation Moody's soulignait d'ailleurs lundi, dans son bulletin hebdomadaire, que "la détérioration des perspectives de croissance de l'Espagne complique encore sa consolidation budgétaire".
Cet aspect "a un effet négatif sur la capacité de crédit" de l'Espagne, a estimé l'agence, laissant entendre qu'elle pourrait à nouveau abaisser sa note, après avoir déjà dégradé le pays à plusieurs reprises depuis 2010.
Alors que le FMI prévoit un recul du PIB espagnol de 1,7% en 2012 et un déficit public de 6,8%, bien au-dessus de l'objectif visé, Moody's se veut un peu moins pessimiste: "le gouvernement présentera son budget 2012 début mars et, conformément aux annonces officielles, nous nous attendons à de nouvelles mesures significatives de rigueur budgétaire".
"En conséquence, nous pensons que le déficit sera plus faible que ce que prévoit le FMI", écrit l'agence qui juge toutefois "très difficile pour l'Espagne d'atteindre son objectif de déficit cette année en raison des perspectives de croissance".
Un scepticisme que partage une autre agence de notation, Fitch.
"L'objectif officiel de déficit de 4,4% pour 2012 devrait désormais se révéler être irréaliste", compte tenu du déficit de 8% du PIB prévu pour 2011, soulignait l'agence vendredi après avoir dégradé la note de l'Espagne de deux crans, à A.
Fitch table plutôt sur un déficit de 6% cette année.
Moody's note par ailleurs que ce climat de récession "a un impact négatif sur la capacité de crédit des banques", dont les actifs devraient encore se détériorer et qui ne devraient cette fois pouvoir compter sur aucune aide publique pour se restructurer.