Les députés espagnols ont commencé vendredi à débattre de l'inscription dans la Constitution d'une "règle d'or" de stabilité budgétaire, un signe de bonne volonté à l'adresse des marchés mais qui suscite une grogne sociale croissante au sein du pays.
Dès jeudi soir, plusieurs milliers d'"indignés", mouvement né mi-mai en Espagne du ras-le-bol de la crise, ont manifesté dans le centre de Madrid contre cette réforme, dénonçant "la dictature des marchés" et réclamant un référendum.
Vendredi matin, un petit rassemblement de dizaines de personnes avait encore lieu devant le Parlement.
De leur côté, la plupart des petits partis, qui critiquent à la fois l'intérêt de la réforme et son adoption en urgence, ont déposé des amendements au texte. Sur les 24 présentés, six, voulant notamment introduire une obligation de référendum, ont été rejetés dès jeudi par les députés.
L'adoption du texte, qui vise à inclure dans la Constitution le principe d'une limite du déficit public, ne fait pourtant aucun doute, le Parti socialiste au pouvoir (PSOE) et le principal parti d'opposition de droite, le Parti Populaire (PP), ayant noué un accord.
Dès mardi, réunis en session extraordinaire, les membres de la chambre basse avaient voté à une écrasante majorité (319 voix pour, 17 contre) en faveur d'un examen en urgence de la réforme, avant la dissolution du Parlement le 27 septembre, en prévision des élections législatives anticipées du 20 novembre.
Le projet, qui doit être approuvé par une majorité des trois cinquièmes des deux chambres parlementaires, sera ensuite transmis aux sénateurs, appelés à voter la semaine prochaine.
L'Espagne deviendra ainsi le premier pays à répondre à l'appel lancé le 16 août par la France et l'Allemagne, qui ont souhaité que les 17 pays de l'eurogroupe adoptent avant l'été 2012 la "règle d'or" visant à l'équilibre budgétaire.
Berlin l'inclut depuis 2009 dans sa Constitution, tandis que l'Italie et la France ont aussi ce projet.
Pour Madrid, la réforme, qui s'accompagne d'une loi organique (votée d'ici juin 2012) incluant une limite chiffrée à 0,4% du PIB à partir de 2020, doit servir de vaccin face à des marchés financiers toujours sceptiques sur la solidité du pays.