Le prochain chef du gouvernement espagnol, le conservateur Mariano Rajoy, a demandé aux deux grands syndicats et au patronat de s'accorder "en urgence", avant la deuxième semaine de janvier, sur une réforme du marché du travail pour endiguer le chômage record du pays.
Le chef du Parti populaire (droite) a expliqué aux dirigeants des syndicats CCOO et UGT et de l'organisation patronale CEOE qu'il a reçus, "la nécessité d'aborder en urgence une réforme du marché du travail qui contribue à enrayer le principal problème national qu'est le chômage", a indiqué le PP dans un communiqué.
Mariano Rajoy les a appelés à "trouver des accords avant la deuxième semaine de janvier", selon ce texte.
Cette réforme devrait concerner, "entre autres, la négociation collective, la solution extrajudiciaire des conflits, les modalités de contrats, l'absentéisme, les entreprises de travail temporaire et la formation", a ajouté le PP.
"Nous sommes entrés de plein pied dans les réformes structurelles que nous pensons devoir être menées", a estimé le président de l'organisation patronale CEOE, Juan Rosell.
"C'est l'activité économique qui génère l'emploi et non les lois du travail", a souligné pour sa part le secrétaire général de CCOO, Ignacio Fernandez Toxo.
De même, le secrétaire général de l'UGT, Candido Mendez a dit "comprendre" la préoccupation du futur chef de gouvernement tout en estimant que Mariano Rajoy confondait "la résolution du problème du chômage avec une énième réforme du travail".
Pour lui, "les politiques d'ajustement qui ont commencé en Europe provoquent un effondrement économique toujours plus évident", une baisse des investissements qui peuvent aggraver le chômage.
Mariano Rajoy a réaffirmé sa décision "ferme et inconditionnelle de tenir les engagements" pris par ses prédécesseurs socialistes "sur la réduction des déficits publics et sa détermination à maintenir l'Espagne au coeur de la monnaie unique", selon le communiqué du PP.
Selon M. Toxo, Mariano Rajoy a assuré préférer "un accord" avec les syndicats, plutôt que d'"imposer" une réforme du travail.
Mais, "au cas où il n'y aurait pas d'accord, le gouvernement est là pour décider et faire ce qu'il estime convenable", a avancé Juan Rosell, estimant qu'il s'agit d'"une situation d'urgence, d'extrême nécessité, nous jouons l'avenir de notre pays".
Le marché du travail est l'un des principaux défis économiques que devra relever le prochain gouvernement espagnol, qui prendra ses fonctions le 22 décembre: l'Espagne souffre d'un taux de chômage de 21,52%, un record parmi les pays industrialisés.
Une première réforme a été menée en 2010, pour notamment réduire la dualité entre contrats fixes et précaires, mais de nombreux économistes plaident pour une nouvelle réforme afin d'assouplir encore le marché du travail, tandis que les agences de notation font pression pour que l'exécutif agisse vite, une fois au pouvoir.