Un tribunal américain a blanchi Toyota de toute responsabilité dans un accident mortel provoqué par une accélération involontaire, une affaire retentissante qui avait semé le doute sur la sûreté des véhicules du constructeur alors contraint de rappeler des millions de voitures.
"Je ne serais pas surpris si des décisions similaires tombaient dans des procès du même type" aux Etats-Unis, a souligné Kozo Nakanishi, analyste de la maison de courtage SMBC Nikko Securities.
Le verdict rendu jeudi du jury d'un tribunal de Los Angeles était le tout premier d'une série de procès auxquels devrait fait face le premier constructeur d'automobiles mondial aux Etats-Unis, où des plaignants reprochent à certaines de ses voitures d'avoir accéléré subitement à cause de défauts techniques, provoquant des dizaines d'accidents et une cinquantaine de décès.
A la fin 2009, Toyota avait été montré du doigt pour de possibles vices de conception, notamment dans les systèmes électroniques, après des accidents suspects abondamment couverts par les médias américains.
En pleine psychose collective, le groupe avait dû rappeler en urgence un total de 8,7 millions de véhicules entre septembre 2009 et février 2010 et son PDG, l'héritier Akio Toyoda, avait dû se livrer à une humiliante séance d'excuses publiques devant le Congrès américain.
Toyota, qui a toujours certifié la sûreté de son électronique de bord, avait reconnu en revanche que des problèmes pouvaient affecter la mécanique des pédales de certains modèles ou les coincer dans le tapis de sol - une explication avancée aussi par le gouvernement américain au début 2011 pour expliquer des accélérations involontaires.
Mais, jeudi, le tribunal de Los Angeles a jugé que le groupe nippon n'était pas responsable de la mort de Noriko Uno, 66 ans, le 28 août 2009 en Californie. Ce jour-là, sa Toyota Camry avait percuté un autre véhicule puis accéléré à 145 km/h avant de percuter un arbre.
Evoquant une accélération inopinée, la famille de la défunte arguait que cette voiture aurait dû être dotée d'un système de freinage de secours qui aurait permis d'éviter l'accident. Le jury a toutefois estimé qu'il s'agissait d'une erreur humaine. D'après les avocats du constructeur dont les arguments ont été retenus, Noriko Uno aurait appuyé sur la pédale d'accélération au lieu de presser le frein.
"C'est une simple erreur de conduite - ce n'était pas la bonne pédale", a souligné l'avocat de Toyota, Vincent Galvin, devant les jurés pendant le procès. "L'accident ne fut pas causé par le véhicule, mais par la conductrice."
Cet accident avait pourtant été à l'origine, avec d'autres, de ce que les milieux politico-médiatiques nippons avaient qualifié de "Toyota bashing" (campagne anti-Toyota) à l'encontre du groupe japonais qui venait d'accéder au rang de numéro un mondial et de numéro deux aux Etats-Unis derrière General Motors mais devant Ford. Cette campagne lui avait alors fait perdre d'importantes parts de marché.
Une porte-parole de Toyota aux Etats-Unis a déclaré que le constructeur était "satisfait" de la décision du tribunal de Los Angeles statuant que la conception de la voiture "n'avait pas contribué à ce malheureux accident".
Pour elle, ce jugement constitue "une référence qui permet de confirmer encore davantage la sûreté des véhicules Toyota".
Depuis 2011, après la crise des rappels, le groupe nippon a installé des systèmes de freinage d'urgence sur tous ses nouveaux véhicules. Il est aussi devenu ultra-prudent et rappelle par précaution ses voitures au moindre petit défaut, même s'il ne concerne pas directement la sécurité.
En janvier, a par ailleurs passé un accord amiable portant sur le versement de 1,1 milliard de dollars pour solder une plainte en nom collectif de propriétaires américains de Toyota, mécontents d'avoir vu dépréciée la valeur de leur véhicule à cause de la série de rappels.
Le constructeur, bien que s'estimant non fautif, a accepté de payer cette somme pour mettre un terme à ces poursuites gênantes.