Une solution temporaire a commencé à émerger jeudi afin d'éviter un défaut de paiement catastrophique aux Etats-Unis, mais les élus ne sont toujours pas d'accord sur la façon de résoudre la crise budgétaire, dix jours après son début.
Le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, a annoncé qu'un vote serait organisé prochainement pour relever la limite légale de la dette de façon "temporaire" en échange de l'ouverture de négociations sur le budget et d'une réforme des programmes sociaux, comme le système de retraite.
Le porte-parole de Barack Obama a expliqué que le président réservait son jugement sur cette proposition, même s'il "promulguerait sans doute" un relèvement à court terme. Il a en revanche répété que le dirigeant refusait de céder aux demandes de "rançon" de ses adversaires.
"Le président est heureux que la situation se calme, ou semble se calmer à la Chambre, et qu'au moins il paraisse que le défaut de paiement n'est pas sur la table", a ajouté Jay Carney.
M. Obama "pense toutefois qu'il serait bien mieux pour le Congrès (...) de relever le plafond de la dette pour une longue période", a-t-il indiqué, en soulignant que M. Obama voulait aussi parvenir à une solution dans l'autre volet de la crise, la paralysie partielle de l'Etat fédéral faute de vote sur le budget depuis le 1er octobre.
"Nous disons depuis le début qu'ils devraient rouvrir les services de l'Etat et relever le plafond de la dette. Ils devraient faire les deux", a-t-il insisté.
Selon plusieurs élus républicains, l'extension proposée serait de six semaines, ce qui repousserait environ au 22 novembre la date butoir avant laquelle le Congrès devrait adopter un relèvement du plafond légal de l'endettement des Etats-Unis.
Les marchés soulagés
"Nous entendons proposer au président aujourd'hui la capacité d'avancer --une augmentation temporaire du plafond de la dette, et un accord pour une commission bicamérale sur le budget-- en échange de sa volonté de s'asseoir et de discuter avec nous de la façon d'avancer pour rouvrir l'Etat fédéral et commencer à s'attaquer aux problèmes urgents de l'Amérique", a déclaré M. Boehner, qui avec 17 autres responsables républicains devait rencontrer le président à la Maison Blanche à 20H35 GMT.
L'annonce républicaine, très favorablement accueillie par les marchés - les principaux indices de Wall Street ont bondi de plus de 2% -, a en revanche suscité une réaction mesurée des démocrates du Sénat, qui ont rencontré M. Obama pendant plus d'une heure et demie jeudi après-midi.
Leur chef de file, Harry Reid, a assuré à sa sortie du siège de l'exécutif que ses troupes étaient prêtes à "discuter de tout, absolument tout" avec les républicains après le vote d'un budget. Mais il a écarté l'idée de conditionner la fin de la paralysie de l'Etat à des négociations. "Cela n'aura pas lieu", a-t-il lancé, lapidaire.
Jeudi matin, le secrétaire au Trésor Jacob Lew avait prévenu le Congrès que la prolongation de l'impasse jusqu'à la dernière minute "pourrait être très dangereuse".
Actuellement d'environ 16.700 milliards de dollars, la limite de la dette a été atteinte en mai et le Trésor n'a pu continuer à emprunter que grâce à des mesures "extraordinaires". Mais au-delà du 17 octobre, le Trésor a prévenu qu'il serait totalement incapable d'emprunter, et que ses ressources seraient limitées à une trésorerie d'environ 30 milliards de dollars et aux rentrées fiscales subséquentes.
La date exacte à laquelle les Etats-Unis seraient forcés de faire défaut sur certains versements reste incertaine, car les recettes fiscales quotidiennes et les versements nécessaires varient de façon imprévue.
Le Bureau du budget du Congrès (CBO) estimait en septembre que cette date se situait entre le 22 octobre et la fin du mois.
Le ministre a aussi rejeté l'idée que le Trésor pourrait rassurer les marchés en rendant prioritaires certains paiements (par exemple, les intérêts de la dette) par rapport à d'autres (les sous-traitants).
De son côté, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a jugé jeudi inimaginable qu'un accord budgétaire ne soit pas trouvé, et mis en garde contre "de graves dommages à l'économie américaine et mondiale" si la crise se prolongeait.