Le maintien du triple A de la France, la meilleure note possible auprès des agences de notation, "tiendrait du miracle", a estimé mardi le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), Jean-Pierre Jouyet, tout en assurant vouloir encore "y croire".
"Le maintien tiendrait du miracle, mais je veux y croire", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse sur la régulation financière, organisée par l'AJEF (Association des journalistes économiques et financiers), alors que la note de la dette française est sous la menace des agences de notations.
"Je trouve tout à fait regrettable qu'on accepte avec un certain fatalisme la perte du triple A. Cette perte n'est pas banale car elle aura des incidences sur les taux d'emprunt du pays et ne sera pas sans conséquences sur le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et le Mécanisme européen de stabilité (MES)", a souligné le président du gendarme de la Bourse.
La France et l'Allemagne sont les pays AAA qui fournissent les plus gros montants de garanties au FESF, soit près de 80% du total (369,6 milliards d'euros, sur un total de 451,5 milliards de garanties apportées par les pays notés AAA).
Une perte du triple A français pourrait donc avoir logiquement des incidences sur la note actuelle du FESF, également AAA.
L'agence d'évaluation financière Fitch Ratings a d'ailleurs estimé mardi que le risque d'un abaissement de la note du fonds de secours européen s'était "accrû" après l'abaissement vendredi de la perspective de la note de la France.
"Personne n'a intérêt à ce que la zone euro implose et je ne vois pas non plus techniquement comment cela pourrait être possible". Mais "il faut être vigilant car le cas grec n'est pas réglé", s'est encore inquiété M. Jouyet.
Interrogé sur la prochaine élection présidentielle en France, le président de l'AMF a rappelé qu'elle "ne se déroulera pas dans les conditions habituelles car il y a en toile de fond une crise sans précédent".
"Il faudra vraisemblablement que les principaux candidats soient dans la perspective qui conjugue le mieux possible l'assainissement des finances publiques et une sortie de la récession", a-t-il ajouté.